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380 VOYAGE DE LYON A Y13NNE. simple mortelle..... et pas des bas bleus encore!... Soyez donc célèbre ! Plus loin, un personnage, rubicond et bien nourri, lit à l'é- cart un petit bouquin huileux recouvert de velours ponceau. Il me plaît de rêver à l'origine de ce velours ponceau. Evi- demment, il n'a pas été achète nouf pour être transformé en fourreau de livre. Provient-ii du fauteuil d'un vieux marquis ou du chapeau d'une douairière qui le cousit en porte- feuille? Je songe longtemps a ce sujet el, de conjectures en conjectures, je roule dans un abune de perplexités où je reste et où je suis encore. Le personnage, qui ne rêve point, tire d'un sac noir un demi-poule!, un saucisson, du fromage et un litre de vin. il mange de tout el y revient, et boit les trois quarts du vin. puis il referme ie sac et reprend son pe- tit livre; mais, saisi d'un remords subi!, il s'intenompl, rou- vre le sac et achève de vider la bouteille. Je suis tout émer- veillé ; ce sentiment se change en admiration quand je vois, une heure après, ce même individu déjeuner a la fourchette avec une façon de chantre de paroisse ou de maître d'école porteur d'un nez :• tenir iêle à quatorze templiers. Nos deux • compagnons absorbent ensuile du café fortement arhumma- tisé et plusieurs cruches de bière. Je crains que mon héros ne paraisse ù la (in de tout cela un peu . parti pour la gloire. 11 n'en est rien el je passe à la vénération. Cet homme estimable doit nous quitter à Grolee; des naturels, conseillers municipaux ou membres de fabrique, l'attendent au ponton, et un dîner mitlonne ;