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CINQ JOURS A DRESDE. 329 Et c'est au milieu de ces accords continus et jamais dis- cordants que nous marchions, chantant nous-même pour remercier, dans cette langue universelle qu'on appelle la musique, les habitants de l'ovation qu'ils nous faisaient. Quel magique spectacle, en effet, nous avions sous les yeux! A droite et à gauche les maisons surchargées de guirlandes, de banderoles, de verdure, de fleurs et de dra- peaux éclatants. A chaque fenêtre une masse de têtes sou- riantes dominées par des mouchoirs qui s'agitent en signe de bienvenue, et par des bouquets qui jaillissent du centre des appartements pour retomber en pluie sur les chanteurs. Les balcons richement ornés sont garnis de belles et jeunes femmes en grande toilette. Un proverbe dit qu'en Saxe les jolies filles poussent comme l'herbe sous les arbres; il pa- raît que ce jour là on avait fait une ample moisson, pour enrichir les balcons de la ville, de gracieux profils et de frais visages. Et comme ces charmantes femmes s'occupaient à nous être agréables , quel entrain et quelle grâce, quelle suavité et quelle animation ! Dans chaque regard un sou- rire, dans chaque bouche un vivat, dans chaque main une fieur^ et fleur, vivat, sourire, tout était pour nous ! Il faut bien dire que le mot Lyon! qui s'étalait sur notre bannière nous attirait plus d'attentions et d'hommages que n'en recevaient les autres chanteurs. Etait-ce une gra- cieuseté de l'ordre alphabétique, était-ce une prérogative de la Ccecilia qui fait partie de l'association allemande, était- ce en souvenir de la façon dont les Lyonnais ont reçu les Prussiens pour le grand concours de 1864, était-ce en dé- dommagement de la longueur du voyage? Quoi qu'il en soit la France avait la place d'honneur et Lyon avait le pas sur Paris. Et à mesure que nous passions les hourras redou- blaient d'intensité, les bouquets tombaient comme la grêle, on jetait dans l'air de l'eau de Cologne qui s'évaporait ins- tantanément en parfums délicieux et, nous pouvons le dire, le succès du cortège a été pour nous. A mesure qu'on voyait s'avancer les envoyés de la France