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312 NOUVELLE. elle contient la quasi-totalité des bibles qui parurent dès l'o- rigine de l'imprimerie ; j'y vis même la fameuse édition du testament polyglotte dont Ludovico m'assura qu'il n'existait que deux exemplaires, l'un en Allemagne et l'autre à Cer- nier. Cette précieuse collection se trouvait à Nice avant la révo- lution française ; mais l'évéque de celle ville, à cette funeste époque, craignant les excès des démocrates, et que dans leur ferveur d'impiété ils ne voulussent anéantir ce dépôt sacré, le fit transporter à Ceinier où il esl resté depuis. Ce prudent évéque se nommait Calonne, et l'on m'a dit qu'il était parent de l'empereur Napoléon I er . L'évéque actuel, Monseigneur Galvano, était frère de lait de sa Majesté Charles-Albert, roi de Piémont; peut-être avait-il dû sa nomination à cet heureux hasard, car il était alors le plus jeune des évêques et n'avait que trente-huit ans. J'eus l'honneur de faire sa partie de boules sous la magnifique voûte de charmilles dont j'ai parlé plus haut, avec Ludovico et un moine superbe de taille et de figure, nommé Arcangelo. Le supérieur m'indiqua toutes les curiosités qui entou- raient le couvent, lequel contenait lui-même plusieurs ins- criptions et pierres tombales romaines, attestant la haute antiquité de la ville de Cirnela, ruinée de fond en comble par Alboin, duc des Lombards, dans les premiers siècles de l'ère chrétienne. Il me conduisit lui-même auprès des restes des temples d'Apollon et de D;ane ; le premier n'a plus que quelques légers vestiges; quant au second, sa solide structure s'élève encore; elle se forme de petites pierres carrées agglomérées ensemble au moyen d'un ciment aussi dur qu'elles, puis de carreaux rouges posés à plat qui alternent après le premier mode de construction, ce qui produit un effet pittoresque