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256'                   DE LYON A GRENOBLE.

 n'est ouvert au public que deux jours par semaine. Le dimanche
 il est strictement fermé.
    Nous redescendons par l'autre versant, mais revenus à l'éta-
 blissement, plus de place dans les omnibus, plus dans les voi-
 tures, plus dans aucun des véhicules qui doivent retourner le soir
 à Grenoble. Nous frelons un chariot de paysan de compte à demi
 avec un élégant qui traîne après lui une élégante. Le couple est
 à peindre; Madame demande si ces arbres ne sont pas des bois ?
 et si ces troupeaux ne sont pas des bœufs? A ses questions, à sa
 conversation nous jugeons, sans trop nous avancer, que notre sé-
 duisante Beauté a gardé les brebis de Madame sa mère à travers
les chaumes de son village, avant d'avoir vu s'épanouir l'éclat
 printanier de sa vingtième année. Nous supposons que le couple
 brillant va prochainement retourner â Paris. Nous n'avons pas
 de commission à lui donner.
    Nous descendons avec la rapidité de la flèche cette côte que
 nous avons été si longtemps à monter, nous débouchons dans la
plaine et !c plus admirable spectacle qu'il soit donné de voir
s'offre à nos yeux.
   Les montagnes au levant ont leur base dans l'ombre tandis que
leurs sommets sont d'un rose si tendre et si transparent qu'on les
 croirait en cristal colorié. Il semble qu'on voie l'air et le jour à
travers ces crêtes qu'illuminent comme les vitraux d'une cathé-
drale les derniers reflets du jour. A l'autre extrémité de la plaine,
les montagnes sont d'un si beau bleu indigo qu'on se demande
quel pinceau a ainsi changé la couleur naturelle des bois, des prés
et des rochers? L'Å“il surpris passe du couchant au levant, des
cimes roses aux cimes bleues et Ton se sent heureux de n'être
pas peintre, heureux profondément de n'avoir pas à rendre sur
une toile ces tons impossibles que nous offre en se jouant la na-
ture, heureux de n'avoir pas à soumettre à un public plus ou
moins initié à la vie des champs ces nuances qui varient si pro-
fondément suivant les lieux, les heures, les altitudes et les
saisons.
  Rentrés à Grenoble, nous ne disons pas adieu à nos Parisiens,
nous revenons à la place Grenette plus encombrée encore que le