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DE LYON A GRENOBLE Si le dimanche 20 août on ne voyait personne à Bellecour, personne sur les quais, personne au Pare, cela tient à ce que tout Lyon avait pris le train de plaisir de Grenoble et s'était enfui, à cinq heures du matin, à la suite de la Fanfare lyonnaise , appelée dans la ville des Dauphins, sous prétexte d'un grand festival. Il fallait les voir ces Lyonnais, dont quelques uns avaient trop peu dormi, se cherchant, s'appclant, se groupant et préludant par des plaisanteries joyeuses aux agréments du voyage ; on se salue sans se connaître , on a des égards, on se fait des polites- ses, parce qu'on est uni par ce lien charmant mais un peu court partie de campagne ; on appelle Jean-Marie qui ne répond pas , et même Lambert, dont le nom ne rc\ cille plus aucun écho ; on serre la main aux héros de la fête, aux membres de la Fanfare, solennellement revêtus de l'habit noir; on envahit les vagons. Quelques dames sont des nôtres; les fumeurs évitent avec soin leur société. On part, et vingt-deux voitures emportent à travers la plaine douze cents heureux voyageurs. La campagne n'est point aussi grillée que le comporte la sai- son •, elle est verte et presque aussi belle qu'au printemps. Vil- lages et châteaux fuyent à toute vapeur et nous voici à Bourgoin! — Bourgoin ! dix minutes d'arrêt ! La jolie petite ville fait en vain miroiter le toit de ses (églises et de ses maisons , chacun n'a des yeux que pour les tables et les corbeilles des marchands ambulants et les délices parfumées du