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224 CINQ JOURS A DRESDE. ments de cuivre occupent dans l'échelle des sons la même place que les voix d'homme, et lorsqu'on les emploie avec sobriété, le tout s'harmonise parfaitement. Les bugles en mi bémol et si bémol dans les notes aiguës dépassent quelque- fois les ténors et donnent l'impression de belles voix de soprani ; j'ai même remarqué plusieurs morceaux où le compositeur les avait traités comme des voix d'enfants, en écrivant très-purement leurs parties, de manière à ce qu'elles lissent une harmonie complète avec les ténors et les basses. Après la répétition , la foule des chanteurs se répandit dans tous les établissements installés autour de la Se&n- ger halle pour étancher la soif incessante et pour calmer l'appétit toujours renaissant des invités do Dresde. Et à ce propos, il ne faut pas croire que les Allemands mangent ou boivent beaucoup plus que nous, ils ont seulement une manière différente de s'y prendre. Tandis que nous faisons des repas copieux et à heures fixes, nos voisins d'outre- Rhin mangent quand ils ont faim, peu à la fois, à tout moment, et lorsqu'ils n'ouvrent pas la bouche pour chanter ou pour discourir, ils l'ouvrent pour se substanter ; mais si l'on voit les Allemands avoir, à tout bout de champ, la chope à la main et la fourchette aux dents, on aurait tort d'en conclure qu'ils sont uniquement préoccupés des idées matérielles ; ils se donnent le temps de vivre, voilà tout ; le calme et le raisonnement qu'ils apportent dans leur nourriture, ils le mettent dans toutes leurs actions et nous laissent, avec notre caractère actif, n'entreprendre les choses que pour avoir le plaisir de les terminer au plus tôt. On m'a dit que l'on avait fait faire 100,000 verres à bière pour la fête ; j'ai pris mes informations, et ce n'est qu'un seul établissement qui avait fait cette commande. Jugez du reste. Le linge de table avait été remplacé par des serviettes en papier doux, analogues aux essuie-bouche de la Chine, sur