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SUR UNE ANECDOTE PRÉTENDUE LYONNAISE. La Revue du Lyonnais , sentinelle vigilante de notre histoire, n'a jamais laisse passer sans réclamations les erreurs historiques locales, surtout lorsque ces erreurs émanent d'écrivains qui, par leur talent et leur érudition font autorité dans la science, ou bien de ceux qui, par leur position , se croient appelés à diriger l'opinion publique. Dans le courant d'avril, un journaliste de Lyon n'ayant pas une assez bonne opinion des connaissances historiques de ses concitoyens, s'est probablement persuadé qu'on le croirait sur paroles, et avec un aplomb digne d'un romancier , il n'a pas craint d'altérer la vérité , en avançant que «l'empereur Aurélicn, à son passage à Lyon, en 271 , reiusa à sa femme de lui acheter une robe de soie. » Cette anecdote, entièrement étrangère à no- tre histoire, n'aurait pas été déplacée dans le feuilleton du jour- nal, place ordinairement consacrée aux romans-et aux mystères plus ou moins historiques, et l'on n'aurait pas même trouvé- étrange que l'auteur de l'article eût remontéjusqu'aux Phocéens, qui vinrent amarrer leurs barques au pied de la montagne qui fut plus tard appelée Lugdunum, pour leur faire acheter des étoffes de soie. La Revue du Lyonnais n'a pas la prétention d'apprendre à ses lecteurs l'histoire romaine, mais elle leur dira que le refus d'une robe de soie n'a pas eu lieu dans notre cité, et la preuve résulte des faits suivants : Aurélien, lors de son passage à Lyon , qui, par parenthèse, n'eut lieu qu'en l'année 273, loin d'observer la simplicité de goût et la modestie qui avaient fait remarquer le commencement de son règne , enivré par ses suecès contre Zcnobie, reine de Palmyre, se montra plein d'orgueil, entouré de luxe et de tout le faste oriental, et ne s'arrêtatdans notre malheureuse cité , que pour la livrer au pillage et à toutes les horreurs que traîne après elle une soldatesque effrénée. J. H.