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                       ET SUR EINSIDELN.                     141

une grande ville. La place qui est devant a été visible-
ment arrangée pour offrir une image de la place de Saint"
Pierre à Rome. Quant à l'église qui renferme la chapelle,
elle n'est pas seulement le plus beau temple de la Suisse,
elle pourrait figurer avec avantage à côté des plus splen-
dides sanctuaires de l'Italie, dans le goût desquels elle est
construite et ornée. L'on n'y entre point sans une vive émo-
tion, surtout la première fois. Mais ce qui vous y surprend
bien plus encore que les chefs-d'Å“uvre de l'art quelle ren-
ferme, c'est le concours et la piété des pèlerins qui vien-
nent s'y prosterner et y prier. Il n'est pas d'heure dans le
jour où l'on n'en rencontre d'agenouillés, les regards fixés
sur la Madone Les autres lieux de pèlerinage que vous
 connaissez ne sauraient vous donner une idée de ce qui se
passe ici. Quand ailleurs il y a cinquante visiteurs étran-
gers, il y en a mille à Einsideln. Il y en arrive de tous les
pays; on y voit tous les costumes, on y entend toutes les
langues. Puis chacun prie à sa manière. Dans nos églises,
 la religion aime le recueillement extérieur, et le plus pro-
 fond silence est aussi la plus grande marque de la piété
 de la foule qui s'y assemble. A Einsideln il n'en est point
 ainsi, la piété s'exprime tout haut, et l'âme de l'homme,
 pour communiquer avec Dieu, prend un libre essor. Les
 pèlerins se réunissent par groupes, au pied des divers au-
 tels, et font retentir l'église du bruit de leurs supplications.
 Ici, ils chantent des litanies, là des psaumes, plus loin, un
 cantique; d'autres récitent le chapelet ou toute autre prière
 qu'ils savent par cœur. Tout à coup arrivent u n e , deux
 processions qui font le tour de la nef. Le spectacle passe,
 sans que ce qui se fait ailleurs en soit le moins du monde
 interrompu. Et ce qu'il y a de remarquable, c'est que tout
 ce désordre apparent n'engendre aucune confusion, ne
 trouble pas un seul instant la dévotion de quiconque prie
  seul. Ce qui serait chez* nous un brouhaha intolérable,
  semble se changer ici en un concert harmonieux qui calme
 l'âme et la fixe plus fortement à Dieu. Cette expansion de