Revue du Lyonnais » série 2 - n°31 ( 1865 ) » pp.137

                      ET SCR EINSIDEMM.                 137

 sa chapelle ne furentpoint abandonnées des pèlerins ; puis,
 en 907, saint Bennon, de la maison de Bourgogne, chanoine
 de Strasbourg, vint s'y établir avec quelques compagnons,
 pour y continuer, en quelque sorte, la vie du premier ana-
 chorète. La renommée de Bennon l'ayant porté au siège
 épiscopal de Metz, ses compagnons ne désertèrent point
 leur solitude après son départ. C'est de ces premiers ermi-
 tes, ainsi que de la chapelle de Meinrad, qu'Einsideln a
 reçu le nom de Notre-Dame-des-Ermites. Le plus célèbre
 de ces solitaires fut Eberhard, grand prévôt du Chapitre de
 Strasbourg, qui abandonna sa dignité pour rejoindre saint
 Bennon. Secondé par quelques puissants seigneurs, il fit
 construire , autour de la chapelle , élevée par Hildegarde,
 un monastère et une église , en sorte que la chapelle se
 trouva enclavée dans la nef même de l'église , ainsi qu'on
 la voit encore aujourd'hui. Les ermites, qui avaient jusque
 là vécu isolés, se réunirent dans le monastère pour suivre
 la règle de saint Benoît, sous la direction d'Eberhard.
   Une circonstance miraculeuse, unique dans son genre,
 accompagna la dédicace du temple construit par Eberhard;
cette circonstance est la consécration divine de l'Eglise.
Voici de quelle manière ce prodige est raconté par l'auteur
de la vie de saint Meinrad :
   « Au mois de septembre 948, quand les constructions
furent achevées, Eberhard pria Conrad, évêque de Cons-
tance, de venir consacrer l'église nouvelle et la chapelle.
L'évêque arriva accompagné d'Ulric, évêque d'Augsbourg,
et d'un grand nombre de gentilshommes et de pèlerins.
C'était le 14 septembre, jour de l'Exaltation de la Sainte
Croix. Dès minuit de ce jour, Conrad et les religieux du
monastère étaient en prière pour l'office nocturne. Pen-
dant qu'il était plongé dans ces saintes méditations, le
pontife entendit tout à coup des voix harmonieuses rem-
plissant la nef de leur douce mélodie. Il leva les yeux et
aperçut un chœur d'anges, et il remarqua qu'ils chantaient
précisément les hymnes prescrites par l'Église pour les