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LA BATAILLE DE MÉTRIEUZ. 415 posé au feu de leurs arquebusades. On se jeta donc hardi- ment contre les lignes des catholiques, qui furent percées aisément. Étonnés d'une attaque aussi vigoureuse, les fan- tassins de Mandelot ne firent qu'un simulacre de résistance, et le désordre ne tarda pas à se îrettre dans leurs rangs. Ce fut en vain que le chef catholique repoussa quelques soldats protestants qui avaient osé attaquer, le principal corps de troupes qu'il commandait. Ce fut en vain que les gentilshommes de son armée essayèrent de rallier les fuyards et de les ramener au combat ; bientôt la dé- route devint générale, et Mandelot, abandonné par ses trou- pes, fut contraint de songer lui-même a la retraite et de se retirer à Condrieu, suivi seulement de quelques gentilshom- mes. Parmi eux l'histoire cite avec honneur le nom d'Hector Buatier, seigneur de Monjoly qui, tout blessé qu'il fût a la tête, d'un coup d'épée, ne voulut néanmoins jamais aban- donner son général. Cependant la situation des réformés avait été des plus périlleuses. La charge exécutée par la cavalerie de Mande- lot pour repousser, comme on l'a vu, l'attaque de quelques soldats huguenots, avait coupé les troupes protestantes, et Chà tillon lui-même se trouva séparé de son armée, suivi seulement de vingt de ses cavaliers. En ce moment, si les réformés avaient eu h lutter contre des troupes plus aguer- ries, leur petite armée eût pu être entièrement détruite. Mais l'obscurité de la nuit qui tombait et la panique qui s'é- tait emparée des soldats de Mandelot ne permirent pas à ces derniers de reconnaître leurs avantages. Pendant que l'ar- mée catholique était en pleine déroute, les protestants dis- persés de tous côtés s'empressaient de s'éloigner du champ de bataille en cherchant leur chemin au hasard. Chà tillon avec quatre cavaliers se dirigeait vers le Rhône, pendant que Jacques Pape prenait la même direction suivi de sept