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HIPPOLYTE D'ESTE. ' 29 Comment passer sous silence cette mission, si utile à la République chrétienne, qu'il vint remplir en France, et comment en parler dignement? Alors s'étendait sur toute la France cette troupe innombrable d'hommes pervers, qui pre- nant occasion de la jeunesse du roi Charles, se croyaient tout permis, et répandaient publiquement dans le peuple les doc- trines les plus dangereuses et les plus criminelles, en matière de religion. Le mal s'était étendu à ce point, que non seule- ment ils avaient imbu du venin de leurs fausses doctrines les classes inférieures, mais qu'ils étaient parvenus à en infecter l'esprit d'un assez grand nombre da Princes. Les écrits de Luther, de Calvin, et d'autres ouvrages impies, étalés en public, circulaient dans toutes les mains. Les livres salutaires des Jérôme et des Augustin, des Grégoire et des Ambroise, étaient expulsés de toutes les librairies et de toutes les bibliothèques. A la Cour même, se tenaient de nom- breuses assemblées d'hérétiques , auxquelles prenaient part des personnes de la maison du roi. On n'entendait de tous côtés que leurs exécrables cantiques, et leurs affreux blas- phèmes contre Dieu et les Saints, ne cessaient d'affliger les oreilles catholiques. Au milieu de tant de troubles et de périls, le Souverain- Pontife, Pie IV, guidé, on n'en saurait douter, par l'esprit de Dieu, ne vit rien de mieux que d'envoyer en France, pour y remplir sa première légation , Hippolyte, cardinal de Fer- rare. Ce prince montra un grand courage, en acceptant cette mission. Il ne fut arrêté ni par une santé délicate, ni parles longueurs du voyage, ni par la saison, car l'on était alors dans le plus fort de l'été, dans ce moment de l'année où les plus robustes croient qu'il n'est pas sans dangers de venir à Rome ou d'en sortir. La crainte n'eut aucun empire sur lui, bien qu'il sût prévoir tous les périls auxquels il allait se trou- ver exposé, en butte, jour et nuit,soit aux vio!ences,soit aux