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HIPPOLYTE D'ESTE. 23 Cellini s*y rendit, il y trouva Hippolyte, et, après avoir attendu quelques jours, parce que Sa Majesté était malade, il lui fut pré- senté et lui offrit deux petits vases d'argent, les derniers qu'a- vaient faits Ascanio et Pagolo; le Roi en fut charmé,Cellini profita de ses bonnes dispositions pour demander la permission d'aller faire un tour en Italie : « Benvenuto, lui dit le Roi, tu es un « grand fou, emporte ces vases à Paris ; je veux qu'ils soient « dorés. « Hippolyte engagea l'art'ste à ne pas insister et à re- tourner à Paris, où si, après huit jours d'attente, il ne lui écri- vait pas, ce serait signe que rien ne s'opposait à son départ. Au bout de vingt jours, Cellini ayant achevé tous ses préparatifs, plaça les caisses, qui contenaient trois vases ébauchés , sur un mulet que lui prêtait, jusqu'à Lyon, l'ëvêque de Pavie; il laissa la garde de son château à ses deux élèves, qui, pour ne pas res- ter oisifs devaient terminer plusieurs pièces commencées. Il par- tit accompagné d'un domestique et d'un petit valet français. Hip- polyte de Gonzague, qui était à la fois au service du Roi et du comte Galeotto délia Mirandola, quelques gentilshommes de ce dernier et le florentin Leonardo Tedaldi se joignirent à lui. A peine fut-il parti que les trésoriers du roi se rendirent au Petit- Nesle, et, prétendant que les trois vases que Cellini avait empor- tés avaient été faits avec l'argent de Sa Majesté, ils dépêchèrent Ascanio pour lui enjoindre de les renvoyer. Celui-ci atteignit, au milieu de la nuit,son maître qu'il trouva couché dans une hô- tellerie. L'intention de Cellini était de déposer ces vases dans l'abbaye d'Ainayjusqu'à son retour d'Italie; aussi n'hésita-t-il point à faire reconduire le mulet et sa charge au Petit-Nesle, et il continua sa route avec ses compagnons de voyage. On n'était plus qu'à une journée de Lyon , lorsque, vers les 4 heures du matin, de violents coups de tonnerre ébranlèrent la voûte du ciel sillonnée par de nombreux éclairs. Cellini chevau- chait à une portée d'arbalète en avant de ses camarades ; outre le tonnerre, il sortait des nuages un bruit si épouvantable qu'il crut que le jour du jugement dernier était arrivé ; il s'arrêta; des grêlons, plus gros que des graines de sarbacane, commen- cèrent à tomber sans une goutte d'eau; ils allèrent peu à peu,