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112                     LITTÉRATURE.

 d'atteindre la vérité quand on contrôle la science alle-
 mande avec le bon sens français.
    Ainsi, Messieurs, l'étude attentive et la comparaison des
 manuscrits ont considérablement amélioré depuis cin-
quante ans letexte des écrivains anciens. Beaucoup d'obs-
curités ont disparu qui provenaient d'une altération ma-
 térielle, ou de l'ignorance du scribe sur la copie duquel
 les premières éditions ont été calquées; ces belles œuvres
ont été débarrassées de plus d'une retouche, de plus d'un
replâtrage, passez-moi ce mot, que des éditeurs peu scru-
 puleux y avaient ajoutés tantôt pour éclaircir ce qu'ils
ne comprenaient pas, tantôt pour suppléer à ce qu'ils
n'avaientpu lire, tantôt pour leur prêter ce qu'ils croyaient
être un agrément de plus. Sans doute nous ne pouvons
espérer qu'on ait retrouvé ainsi la lettre authentique dés
écrivains anciens. La certitude sur ce point ne sera ja-
mais possible. Figurez-vous, je vous prie, quelles vicis-
situdes ces écrits ont traversées, depuis le jour où un
homme de génie en a tracé sur le papyrus les lignes pré-
cieuses. Et encore je parle d'écrits ; et nous avons lieu de
croire que quelques-uns de ces beaux ouvrages, les plus
beaux peut-être, les poèmes d'Homère, n'ont vécu pen-
dant de longues années, pendant des siècles peut-être
que dans la mémoire plus ou moins sûre, plus ou moins
respectueuse de nombreuses générations de chantres er-
rants. Mais à ne les prendre qu'à dater du moment où ils
ont été confiés à cette frêle matière qui éternise la pensée
humaine, à quels périls, à quelles chances d'altérations
n'ont-ils pas été exposés ! Sans compter tant de chefs-d'œu-
vre que le temps ou la main des Barbares nous a ravis,
perte à jamais regrettable, ceux mêmes qui ont échappé