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sié, pourquoy n'y pourroye aller. » (1) Hugues vole à la voix
de son père. Entremonts le suit, tous deux atteignent les
Dauphinois, les chargent et délivrent le malheureux souve-
rain qui n'a ni la force ni le courage de dire merci à ses libé-
rateurs.
     A son tour le sire de Tournon appelle ; à son tour il envoie
un cavalier à un vaillant baron qui poursuivait non loin de là
les Savoisiens et implore son secours : — « Ah ! seigneur de
Sassenage! accourez vite ; le comte de Savoie était prison-
nier et on essaye de le délivrer. A la recousse, Sassenage ,
menons le comte de Savoie au Dauphin(2). » Mais le sire de
Sassenage ne comprend pas ce pressant appel ; il brusque le
cavalier qu'on lui envoie ; s'emporte avec violence de ce qu'on
arrête son courage et jure que rien ne l'empêchera d'extermi-
ner les vaincus.
     Naguère, à Paris, le jeune et brillant comte de Savoie avait
sauvé les jours de l'imprudent baron de Sassenage (3) sans se


   (1) Vieille chronique manuscrite de Savoie.
    (2) A la bataille de Varey, Guillaume de Tournon et Albert de Sas-
senage commandaient chacun un corps particulier composé de leurs
vassaux. Voir Chorier. Histoire duDauphiné.
    (3) « Or fait à entendre qu'un peu de temps auparavant le dit du Sas-
sonnage estant ambassadeur en France, avec charge de demander une
fille du roy en mariage pour monsieur le Dauphin son seigneur tomba
en un grand inconvénient et danger de sa vie pour avoir tué le sei-
gneur d'Aigreville, grand-Maistre d'hostel de France qui aroit répondu
au dit de Sassonnage que le Roy n'estoit délibéré de donner sa fille à
un tel pourceau comme estoit le Dauphin son maistre ; pour laquelle
response le dit grand-Maistre avoit été mis à mort. A ceste cause le
roy indigné commanda très expressément que punition fust faicte de
ce meurtre et eust eu le seigneur du Sassonnage la teste tranchée
n'eust été le comte Edouard de Savoye qui lors estant en la cour de
France le fit sauver et lui donna moyen d'éviter la fureur du Roy. »
Paradin. Chronique de Savoye, p. 207.