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             ÉTUDE SUR LES GUERRES DE RELIGION.               27

  berté publique. A travers le progrès de la grandeur française,
 la liberté commençait donc d'être mise à l'écart avant que
 parût la Réforme. Elle vivait pourtant toujours, suspendue,
 plutôt quesupprimée; les publicîstesattestaientunanimement
 les droits de la nation ; les citoyens y croyaient encore et
 le pouvoir en les laissant dormir, n'avait pas prescrit contre
 eux. Elle vivait la liberté, surtout au fond des âmes ; elle se
 faisait jour dans le mâle langage, dans les fières allures des
 magistrats et des gentilshommes. En régnant en maîtres
 absolus, François Ier et son fils n'avaient éteint chez leurs
 sujets ni le goût ni le courage de l'indépendance ; les agi-
 tations qui éclatèrent après eux devaient le montrer.
    Le protestantisme était alors survenu : soulevé contre le
 plus légitime pouvoir, il avait appelé sous son drapeau qui-
 conque était avide d'affranchissement. A ce besoin d'affran-
 chissement il avait paru donner d'abord une vigueur nouvelle
 et une portée plus haute. En réalité, dans l'ordre -politique
 comme dans l'ordre religieux il poussait les hommes a ren-
 verser le pouvoir au lieu de le contenir ; il substituait a la
 réforme la révolution. 11 n'en pouvait être autrement : l'Eglise
 catholique tenait une place trop grande dans les traditions
 et dans les institutions des états chrétiens, pourque ceux qui
s'attaquaient à l'Eglise ne tendissent pas, même a leur insu et
contre leur gré, à bouleverser l'Etat. D'ailleurs en rompant
l'unité catholique, la secte nouvelle travaillait partout, nous
l'avons déjà dit, à se constituer sous forme d'Eglise nationale.
Dans chaque pays elle se cherchait un centre là où était Je
centre de la nation ; elle aspirait à dominer le peuple au
moyen de la puissance civile. Dès lors il fallait, au sein des
monarchies, ou qu'elle s'emparât de la royauté et s'en fît un
instrument, ou qu'elle la brisât, dans les deux cas qu'elle
changeât delonden comblela constitution de l'Etat. Telle était
la nature propre du protestantisme. En France, lorsque les