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412                         ONE NOCE.

 Antoinette l'était à Trianon ; mais lu n'es pas destinée à passer
 ta vie aux champs; c'est dans les salons que t'attendent de
 véritables triomphes et des admirateurs dignes de toi.
    — Et si je trouvais par hasard ces triomphes misérables
 et ces admirateurs ennuyeux ?
    — C'est une petite guerre que tu me fais là, mais je ne
 suis pas dupe de tes railleries. Je comprenais bien ton silence
 et ton attitude sérieuse dans nos soirées lyonnaises. Je sentais
 que parmi toutes ces jeunes filles à l'esprit émoussé par la timi-
 dité et peut-être aussi par leur ignorance de !a vie réelle, tu
 étais, comme moi, impatiente de la médiocrité, attirée vers
le beau, ambitieuse des jouissances qui font la vie large et
grande, et avec toutes ces qualités, assez forte dans ta bonté
pour ne jamais l'abandonner au dédain si faible aux gens vrai-
ment supérieurs.
    — De qui faites-vous le portrait, Frédéric? Je n'y vois pas
ma ressemblance. Au lieu de m'embellir, suivant l'usage des
peintres, vous m'enlaidissez à plaisir. Oh! comme vous m'avez
mal jugée!
    — Laisse donc la modestie à qui n'a pas d'autre mérite;
en te disant que j'ai deviné chez loi des aspirations en har-
monie avec les miennes, je veux seulement le faire entendre
que notre union sera plus intime que toutes les autres unions,
car j'aurai le rare bonheur de Irouver en toi, non seulement
la femme de mon choix, la joie de ma maison, mais encore
la confidente de mes espérances et l'intelligence d'élite dont
j'ai besoin pour dominer la vie. A nous deux, nous vaincrons
le sort, enfin, nous arriverons.
    — A quoi, Frédéric?
    — Mais au but où doit tendre tout homme: à la fortune,
c'esl-à-dire au bonheur.
    — Au bonheur! vous avez raison, tous les hommes y ten-
dent , et chacun d'eux par des moyens différents. Dites-