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230 cfNE NOCE. femme n'eût pressé son bras pour l'engager à saluer ; il s'in- clina en effet, et son salul que Frédéric eût, par amour- propre, voulu trouver entaché de rusticité ou d'emphase mi- litaire, fut sobre et digne tout à la fois. Mais Louise qui le suivait en donnant le bras à Jean-Pierre, ouvrier imprimeur, frotté d'esprit parisien sur sa gaîlé bourguignone, Louise monta dans le char à bancs sans jeter un regard sur son cousin. Piqué de ce reproche muet, et un peu interdit d'ail- leurs par l'apparition du père Fontaine auquel M. Girard alla serrer la main, Frédéric tourna les yeux du côté où les jeunes gens venaient tour à tour, le chapeau à la main, offrir le bras aux chevalières qu'ils s'étaient choisies, et il ne fui rappelé à lui-môme que par son oncle. — Je viens de faire entendre raison au père Fontaine, lui dit M. Girard; un jour de noce d'ailleurs on ne boude personne, et s'il m'a prié de le renouveler pour lui son invi- tation à la noce de son fils, c'est qu'il a pensé que lu accep- terais plus facilement, et que je saurais mieux t'engager à lui faire ce plaisir. Nous allons donc aller h la ferme, et là , après avoir fait les compliments à Claude, sans lui parler de la chaîne à lui, car il est trop tard pour qu'il puisse l'offrir en son nom, tu iras embrasser la mariée et lui donner son présent, et ce faisant, lu useras des droits de tous les invités. — Allons, dit Frédéric qui n'était pas fâché de voir la noce et qui consentit à se prêter pour un jour aux berge- - rades de sa cousine. Mais de quel côté me menez-vous, de- manda-t-il, pendant que M. Girard lui faisait prendre une petite ruelle aboutissant à des jardins, puis à la campagne. — Nous allons aux Ormages, mon neveu, à la propriété de Louise, au bien de sa mère, que je lui ai laissé adminis- trer aussitôt que j'ai pu juger la maturité de son esprit. Nous prenons par le plus long chemin afin de laisser à la noce le