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168                        CHRONIQUE LOCALK.

jardin anglais, à l'île de Jean-Jacques Rousseau, ou sur les quais, courses
lointaines jusqu'à Lausanne, tous les plaisirs offerts par une ville artistique
et opulente ont trouvé des adepies et des amateurs, et partout les Lyonnais
ont rencontré la polilessc la plus exquise, les soins les plus empressés, la
sympathie la plus vive et la plus vraie.
   A trois heures, une foule nombreuse était réunie dans la salle élégamment
parée où se donnait le concert pour les Polonais ; celle pacifique démons-
tration en faveur d'une nation brave et malheureuse était le but du voyage.
Disons vite et avec orgueil que si les Polonais ont eu le bénéfice d'une mo-
deste obole, la Fanfare lyonnaise a été acclamée par les Genevois et saluée
de bravos même et surtout par les six Sociétés musicales de Genève;
ajoutons que les autres artistes que Lyon avait envoyés à cotte fete ont eu
leur part d'applaudissements, et enfin que cette belle journée a vu s'éteindre
plus d'un préjuge de peuple à peuple, naître plus d'une sympathie de
famille à famille, plus d'une amitié de particulier à particulier.
   Voilà donc la couralomanie plus que jamais à la mode. Cette excursion
en grand a tellement réussi qu'on parle de trains de plaisir à vingt francs,
aller et retour, pour Paris, à je ne sais quel prix pour Marseille ; on veut
des trains de plaisir pour tous les pays ; on ne peut plus décemment rester
chez soi.
   Deux prétextes vont bientôt s'offrir, mais aux solennités qui se préparent
tout le monde ne sera pas admis. Le congrès scientifique de France tiendra
sa trentième session, du 10 au 19 août, à Chambéry ; des savants accour-
ront de loin, sans doute : plus d'un noble cœur sera vivement attiré vers
nos nouveaux compatriotes, de tout temps nos amis ; mais, malheureuse-
ment, elles sont trop rares les intelligences qui aiment suivre pendant une
semaine les travaux austères d'un congres. Nous n'espérons donc pas voir
à Chambéry l'entraînement qui avait jeté la population lyonnaise" à Genève,
malgré la séduclion des courses à Haulecombc, à Aix, à Saint-Jean-dc-
Maurienne, à la Grande-Chartreuse ; malgré les questions si intéressantes
qui seront agitées dans cette grande réunion.
   L'autre excursion qui s'organise doit conduire les voyageurs à Nantua,
la petite ville qui travaille, comme Genève, à l'extrémité de son petit lac
et à l'ombre de ses noirs sapins. Une affiche fort bien faite nous a donné
le programme des féles qui auront lieu les 15, 1G et 17 août, à l'oecasion
du comice agricole. Nous n'osons engager les artistes, les inventeurs et les
producteurs de Lyon à s'y rendre, nous passerions pour un homme dan-
gereux aux yeux du docteur Ordinaire , qui verrait là un péril pour les
artistes et les inventeurs de Nantua ; mais nous dirons à notre cher
confrère Arène , en réponse à son article aigre-doux du 18 juillet,
qu'on n'est point un ennemi du progrès pour avoir approuvé une lois
la libre exposition des produits de. l'industrie ; que nous ne pensions pas
offenser son susceptible collaborateur en émettant un avis contraire au
sien ; que nous sommes désolé que le docteur Ordinaire ne soit pas notre
ami comme, il l'était de Boitel, mais que la Revue du Lyonnais n'a point
périclité, quoique depuis dix ans on ne lui ait pas dédié la plus petite pièce
de vers; enfin, que Pierre ou François Vingtrinier, l'imprimeur de la Revue,
sait très-bien qu'il n'a point mérité la croix d'honneur, et qu'il trouve
très-extraordinaire que ce soit le docteur qui la lui offre.
                                                           A. V.