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UNE NOCE. 14î> porté par le tisserand , et l'ayant découvert, en lira deux branches de fleurs d'oranger destinées à la mariée , car la coiffure mâconnaise ne comportant pas la couronne, la pa- rure virginale, divisée en deux touffes fleuries, pare seule- ment le corsage et le fond de la coiffe. Puis Louise fouilla sous le papier de soie qui garnissait la boîte, el elle en relira un écrin plal dont le ressort, vivement poussé , fil briller aux yeux de Frédéric une bonne et solide montre de femme et une chaîne de cou massive et peu façonnée, enfin un de ces bijoux comme on les estime à la campagne , où l'on priserait peu le fini arlislique de certaines œuvres de joaillerie délicates el fragiles. — Le père Fontaine, dit Louise en souriant, ne se doutait guère de ce qu'il m'apportait dans ce carton pris chez ma marchande de modes. Puis elle reprit avec plus de sérieux : On vous a dit, sans doute, que c'est moi qui fais ce mariage; vous trouverez avec moi qu'il y a quelque mérite à l'avoir fail réussir, si je vous dis que j'ai eu à lutter contre lout le monde, même contre les deux fiancés : je ne parle que pour mémoire de l'opposition faite par Bellouart , mon fermier, le père de Marie , quoiqu'un vouloir de paysan soit difficile à déraciner ; mais j'ai eu ici à vaincre le clan entier des Bellouart, dont l'orgueil se révoltait en masse contre une union avec le fils d'un artisan pauvre ; quant a Marie, la pauvre fille, à force de concentrer toutes ses pensées sur son amour d'enfance, religieusement gardé dans son âme , pendant les sept ans d'absence de son fiancé, elle avait résolu de ne pas lutter contre tant d'obstacles, et, pleine de déférence pour ses pa- rents, elle était sur le point de tomber dans une maladie de langueur; puis enfin, lorsque j'ai eu combatlu la vanité des uns elle découragement de l'autre, j'ai eu à lutter contre la juste susceptibilité des Fontaine. Enfin j'ai réussi, grâce à Dieu qui m'a protégée; mais Claude est pauvre, et, malgré les