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34 LA COLONNE DU MÉBIDIEN. térieurs, au contraire, nous voyons Philibert Delorme, en 1538, imposer à l'église gothique de Saint-Nizier, un portail renaissance , et Decrénice, en 1760, affubler l'église romane de Sainl-Paul d'une façade de style grec ou romain (1). Je ne verrais de remède à cette absence de toute intelli- gence artistique et archéologique, que dans la création de com- missions consultatives locales composées d'hommes spéciaux. On remarquera que je donne simplement à ces commissions le titre de consultatives : en effet, il paraît y avoir parfois exa- gération dans les désirs de conservation, et certains change- ments d'une pressante utilité risqueraient d'être sacrifiés à l'amour trop vif des souvenirs historiques. Le véritable pro- grès consisterait donc dans l'équilibre des deux forces, uti- litaire et intellectuelle, et l'autorité, éclairée par les opinions contradictoires, tout en n'abandonnant rien de son droit d'initiative, prendrait volontairement sa décision après avoir approfondi la question. Nous voici arrivés à l'heure fatale : la colonne était con- damnée d'avance, et par conséquent elle devait disparaître devant le Hoc volo, sic jubeo, sit pro ratione voluntas (Jirv. VI, 222) des démolisseurs. Vainement je plaidai en sa faveur dans les journaux de Lyon. Je le Sis sans espérer la victoire ; bien plus, je savais que je serais ridicule aux yeux des grands seigneurs du jour, les manieurs d'argent, et je ne me suis pas trompé. Mais j'ai eu au moins la satisfaction intime de combattre, (1) Le chapitre de Saint-Paul, en confiant à Decrénice les réparations qu'il voulait faire exécuter, acheva l'œuvre de destruction. L'architecte en- sevelit sous le plâtre les épigraphes scellées dans les murs, les sculptures de l'intérieur, brisa les chapiteaux et profana la façade en y plaçant le portail à fronton qu'on y voit aujourd'hui. — Lyon ancien et moderne, t. II, p. 410.