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32                 LA COLONNE DU MÉRIDIEN.

fournissait gratuitement l'eau et l'heure, et de plus donnait
à la place des Cordeliers un caractère éminemment pittores-
que.
   La vie de la colonne n'a pas offert une suite d'événements
bien intéressants; pourtant chacun connaît le rôle que joua
la place des Cordeliers pendant l'insurrection d'avril 1834.
Les républicains, commandés par Lagrange, s'en emparèrent
le mercredi 9, et en restèrent maîtres jusque dans la soirée
du samedi 12. Les principaux insurgés furent traduits devant
la Cour des Pairs, qui les condamna ù la déportation. Après
trois ou quatre ans de détention, une amnistie les remit en
liberté, afin de leur permettre de faire la révolution de février.
Il était naturel que les vainqueurs de cette époque célébras-
sent l'anniversaire des journées d'avril, et la chute du tyran,
qui leur avait fourni les moyens de le renverser. Je vais lais-
ser parler l'Annuaire de Lyon de 1849, racontant les événe-
ments de l'année précédente. « Aujourd'hui dimanche, 9
 « avril, une cérémonie funèbre a eu lieu en l'honneur des
 « insurgés morts en combattant au mois d'avril 1834. Un
 « immense catafalque, entouré de guirlandes de lierre et de
 « cyprès, et sur lequel brûlent des feux bleuâtres, est dressé
 « sur la place. Une large estrade, tendue de noir, pavoisée de
 « drapeaux tricolores, est adossée à la colonne du méridien,
 « recouverte elle-même de draperies noires. Les autorités sont
 « montées sur l'estrade ; les discours patriotiques sont pro-
 « nonces par le citoyen Hugon , condamné d'avril, par le
 « citoyen Brosse et par le commissaire du gouvernement.
 « De longs applaudissements suivent l'allocution du citoyen
 « Emmanuel Arago ; on enlève les crêpes et l'on plante, près
 « de la colonne un jeune peuplier. Alors l'acteur Barielle
 « monte sur l'estrade et chante la Marseillaise, dont les spec-
•« tateurs répètent le refrain. Les élèves de l'école de chant
 « dirigée par M. Maniquet, chantent un chœur à la liberté;