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SAINT AV1TE. 7 des idées, la netteté et la vigueur du style. La fleur qui croît dans le désert, au milieu des ronces et des épines, sur un sol desséché, n'offrira pas ces variétés, ces contrastes, ces raretés de couleurs, ces mélanges délicats de nuances, ces développements artificiels, ces formes régulières que l'art seul peut obtenir dans le? sujets qu'il dirige; mais elle aura je ne sais quelle liberté d'allures, quel air original et simple, quelle vivacité de coloris-, quelle force de constitution, que rien ne saurait remplacer ; ses défauts seront vivement accusés, mais en revanche ses beautés seront d'autant plus saisissantes qu'elles seront plus naturelles. . Aussi M. Guizot n'â-t-il point hésité à établir un parallèle entre l'évêque de Vienne et le poète anglais, et plus d'une fois il a dû proclamer la supériorité du premier. « Ce n'est point par le sujet et le nom seuls, dit-il, que l'ouvrage de saint Avite rappelle celui de Milton, les ressemblances sont frappantes dans quelques parties de la conception géné- rale et dans quelques uns des plus importants détails. Ce n'est pas à dire que Milton ait eu connaissance des poèmes de saint Avite ; rien sans doute ne prouve le contraire. Ils avaient été publiés au commencement du XVIe siècle, et l'é- rudition a la fois classique et théologique de Milton était grande Quoiqu'il en soit, l'analogie des deux poèmes est un fait assez curieux ; et celui de saint Avite mérite l'honneur d'être comparé de près a celui de Milton. » M. Guizot met ensuite en regard quelques morceaux du poète de Vienne et du poète de la Grande-Bretagne : la des- cription du paradis terrestre ; la colère de Satan h l'aspect de ce vil limon appelé à succéder à la gloire des anges déchus, à la vue de cet assemblage de boue qui doit remplacer Lucifer dans les deux; le récit de la chute d'Adam; son désespoir et ses plaintes, lorsque l'ange vengeur ferme derrière lui les portes d'Eden,