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AU XIIe SIÈCLE 207 la rouerie de profiter de la faiblesse du pouvoir? Contenus par la forte main de Guichard-le-Grand, auraient-ils saisi avec joie l'occasion favorable d'ériger en lois des vœux long- temps formés? Un examen attentif des modifications et ad- ditions de la charte de 1331 pourrait le faire supposer. Ce n'est pas qu'elles soient capitales. Une seule a trait au pou- voir de la commune. Elle concerne les clefs des portes et la ferme des tours ; mais toutes développent, étendent, élargis- sent les franchises premières, il est vrai qu'il ne s'agit que de pures dispositions civiles, ou de procédure, ou de police. Il y a cependant un article qui ne peut être le fait des habitants de Villefranche. I! est interdit à tous bourgeois de vendre son vin à pôt et de le vendre au-dessus d'un maximum fixé. Evidemment celte restriction au droit commun ne provient pas des bourgeois, elle doit être l'œuvre du prévôt ou du cu- rateur du jeune Edouard, lequel se sera fait céder quelque chose en compensation de tout ce qu'il accordait. A la mort d'Edouard (1352) tué par les Anglais au combat d'Ardres, nouvelle minorité. Son fils Antoine avait neuf ans. Aussi ne confirma-t-il les privilèges qu'en 1359. Celte confirmation fut pure et simple. Mais, dix ans plus lard, à l'âge de 27 ans, Antoine, mû par im sentiment élevé, inspiré par un caractère généreux, d'un mouvement spontané, sacrifia volontairement une par- lie de ses prérogatives seigneuriales. Je dis volontairement, et c'est là le grand honneur d'Antoine ; car aucune pression ne paraît avoir été exercée sur lui, du moins l'histoire ne nous en a-t-elle rien transmis, et le peu que nous savons de ce jeune héros, mort à la fleur de l'âge, porte à présumer qu'il n'obéissait en cela qu'aux impulsions d'un grand cœur. Une seule chose pourrait en faire douter, c'est que aucune des concessions libérales faites à Villefranche ne fut faite à Beaujeu.