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DES TENDANCES DE L'ART. 473 ration financière ou politique que pour produire une œuvre d'art. L'art doit être l'expression de ce qu'il y a de plus noble dans l'homme et dans la nature, de ce que j'appellerais vo- lontiers le reflet divin dans la nature humaine; son rôle est de représenter une beauté, une bonté, une vérité qui n'existent pas en général, mais qui cependant pourraient être ; il s'applique essentiellement à une manière d'être su- périeure à nous , sans sortir de nous-mêmes qu'on nomme idéal, désignant par ce mot la tendance vers tout ce qui s'élève et tout ee qui est immatériel, en opposition à tout ce qui s'abaisse et qui est matière. Pour découvrir l'idéal il faut donc une intuition, et pour le rendre une énergie d'i- magination qui ne se peuvent trouver ailleurs que dans un petit nombre d'âmes d'élite ; les esprits ordinaires sont capables de comprendre l'expression de l'idéal, parce qu'elle va réveiller au plus profond de leur être un instinct qu'eux- mêmes ne se connaissaient pas, niais ils ne sauraient jamais l'inspirer, à plus forte raison le concevoir. Les idées naturelles de la majorité doivent donc être hostiles à l'idéal, c'est-à -dire au véritable sentiment de l'art. En étudiant les dispositions morales de la société ac- tuelle , on s'en convaincra sans peine. Le goût de l'argent et des jouissances matérielles est une des tendances les plus générales de la démocratie , à coup sûr celle qui do- mine notre époque. Appliquée à l'art, elle le fausse dans son principe en faisant croire aux maîtres de la richesse' qu'ils peuvent tout rétribuer avec de l'or, même les œuvres de l'esprit, en pénétrant les artistes aussi bien que le reste de leurs compatriotes du désir d'arriver à la fortune, et en portant la jeunesse à embrasser la carrière des arts dans