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434                  HISTOIRE BU BEAUJOLAIS

    « Ils en avertissent le curé de la ville et les principaux
habilans; on visite le lieu, on trouve que le rapport des
Bergers est véritable : tous ensemble viennent en Procession
prendre cette image avec tout le respect et les sentimens de
dévotion que méritoit une action si saincle, et la portent dans
l'Eglise de Sainte-Magdeleine dont j'ay parlé, la reposant
dans un lieu décent. Mais Dieu vouloit faire honorer sa mère
d'un culte plus grand et plus singulier. Le lendemain la statue
ne se trouva plus dans l'église de Sainle-Magdeleine ; le curé
et les habitans bien élonnez la vont chercher dans le marelz
et la trouvent au môme endroit où ils l'avoient prise le jour de
devant. Alors ce second miracle leur faisant connoître que ce
lieu estoit destiné au culte de la sainte statue et de la Sainte
Vierge, ils y bâtirent une chapelle qu'on appella la chapelle
de Notre Dame des Maretz. Et ensuite la dévotion des habi-
tans croissant avec la grandeur de leur ville, ils firent de cette
chapelle une belle église      (1). »
   La chapelle d'abord, puis l'église ensuite attirèrent la po-
pulation dans le marais assaini et y fixèrent le centre de la
ville nouvelle. Telle est la singulière circonstance à laquelle
Villefranche doit son incroyable position dans l'unique ravin
de la plaine beaujolaise.
   Au moment où commençait Villefranche, la révolution
communale était en plein développement. L'accroissement de
certaines villes dotées de franchises, les luttes ardentes pour
en obtenir soutenues dans d'autres par la bourgeoisie nais-
sante, avaient éclairé le sire de Beaujeu. Il comprit qu'il ne
pourrait y avoir prospérité que là où il y aurait sécurité civile
et jusqu'à un certain point liberté communale et administra-
tive. Il comprit qu'à une cité il faut non des serfs, mais des
citoyens. II agit en politique habile et sensé. De prime abord

  (1) Mémoires cités, p. 17-18.