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POÉSIE.
LE MOIS DES MORTS.
Novembre a mis, comme un suaire,
Sa longue robe de brouillard ;
Le soleil, dans nos cieux blafard,
Semble une lampe mortuaire.
Les feuilles pendent en haillons
Au noir squelette de la vigne,
Et, là -bas, fument nos sillons,
Près de ces tombeaux qu'on aligne.
Le semeur, en grand appareil,
Donne au champ la façon dernière ;
Comme un mort promis au réveil,
Le grain est couché sous la terre.
Mais rien ne parle encor d'espoir ;
Tout s'endort et tout se recueille.
Il n'en reste ni fleur ni feuille ;
Le sol est gris, le ciel est noir.
Gonnais-tu ces buissons moroses ?
C'est l'aubépine et l'églantier.
Où sont les roses du sentier
Et les mains qui cueillaient ces roses ?
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