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402 TRAVAUX DE L'ACADEMIE. dès qu'elles cessent d'offrir ce double avantage ; que, s'il est raisonnable, dans la vie pratique, de se contenter de la vraisem- blance à défaut de certitude, il n'en saurait être ainsi pour la science, qui doit abandonner à la rhétorique les arguments pro- bables. M. Gunet ajoute que les faits dont M. Faivre étaie son sys- tème lui semblent d'une nature trop équivoque pour que l'on puisse en tirer des conclusions satisfaisantes. Est-il certain que les faits qu'il a observés soient véritablement physiologiques? Puisqu'ils sont produits par l'action de la force électrique, n'est- il pas plus naturel de croire qu'ils appartiennent à l'ordre des phénomènes physiques ou chimiques ? Quant aux sensations que M. Faivre cite à l'appui de son opi- nion, M. Gunet soutient qu'elles ne diffèrent pas en nature des sensations internes que nous ressentons, à la suite de certaines impressions, lorsque notre corps est dans son état normal, et que, par conséquent, on n'en peut rien conclure pour ou contre l'animisme. Arrivant au mémoire de M. Barrier, M. Gunet se plaît à re- connaître la justesse de la plupart des réflexions philosophiques que l'auteur a si nettement exposées sur la méthode des sciences. Il est persuadé, avec M. Barrier (c'est d'ailleurs l'opinion qu'il avait développée dans une précédente séance), qu'en renonçant aujourd'hui aux vaines spéculations sur la nature des causes, les sciences physiques sont fidèles au véritable esprit de la mé- thode expérimentale ; qu'elles suivent prudemment en cela le conseil de Newton : « Physique, garde-toi de la métaphysique ! » et que la physiologie n'aurait pas perdu et ne perdrait pas encore un temps précieux à des disputes stériles sur des questions in- solubles, si elle avait bien compris la portée de ces profondes paroles et n'avait pas été sourde au sage avertissement qu'elles renferment. D'accord sur ce point avec M. Barrier, M. Gunet regrette de" ne pouvoir partager son sentiment à l'égard de la psychologie que l'on ne saurait confondre, sans une grave et dangereuse erreur, avec la physiologie. Cette maxime si souvent répétée par