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380 LES SARRASINS DANS LE LYONNAIS. un prudent silence. Et cependant la France était sauvée, le christianisme restait possesseur du continent européen, et la fortune du Prophète avait reçu un échec dont la honte ne devait jamais s'efTacer. On sait encore vaguement que Lyon, Mâcon, Autun furent pris et ravagés, que la ville d'Auxerre eut le môme sort ; que sa citadelle résista ; enfin que l'archevêque de Sens repoussa et mit en fuite les envahisseurs; mais là aussi les dates précises et les détails nous font défaut. D'ailleurs le vaillant prélat n'eut-il affaire qu'à une troupe de fourrageurs traversant la France par l'Aquitaine et l'Orléanais avant le désastre de Poitiers, et venue, par hasard, se heurter aux murs de sa petite cité, comme l'avance M. Henri Martin (1), ou eut-il à repousser cette armée formidable d'Athim etd'Amorrhée (2), venue, quatre ans plus tard, par la vallée du Rhône, pour attaquer les Francs au centre de leur puissance, comme le soutiennent nos vieux chroniqueurs bourguignons ? les Arabes, qui devaient atteindre bientôt à une si haute civili- sation, vinrent-ils en conquérants ou en ravageurs? vou- laient-ils piller ou coloniser ? détruisirent-ils dès leur pre- mier choc toutes les cités qu'ils trouvèrent sur leur passage ou ne s'atlaquèrent-ils qu'aux biens du clergé? les avis sont partagés, ou plutôt l'histoire moderne n'a pas d'avis. Nul écrivain ne paraît attacher quelque importance à ces détails. Moins dédaigneux, nous allons essayer de nous prononcer, et dès l'abord nous ne cacherons point nos sympathies pour nos vieux chroniqueurs, et cela uniquement parce qu'ils habitaient le pays où ces terribles événements se sont passés. (1) Hisl. de France, tome 2. (2) « L'émir Olhman, l'Adthima des chroniqueurs.... l'émir Omar, l'Amor de nos chroniqueurs. » (Henri MARTIN, Hist. de France, tom. 2 ; REINAUD, Invasions des Sarrazins).