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352                        LYON AVANT 8 9 .

dans les affaires du diocèse, par son mérite et son ancien-
neté, d'une considération sans égale dans l'opinion publique
du clergé, le Chapitre de Saint-Jean se regardait à beaucoup
d'égards comme l'égal, sinon le supérieur de l'archevêque.
Il y avait là le germe d'un antagonisme qui devait éclater un
jour ou l'autre; c'est ce qui arriva sous l'épiscopat de M. de
Montazet.
    L'abbé Malvin de Montazet (1) succéda au cardinal de
Tencin, en 1758. 11 avait été d'abord le protégé de l'évêque
de Soissons, M. de Filz-James, qui l'avait fait entrer, tout
jeune encore, dans l'aumônerie royale; nommé à trente-six
ans évêque d'Autun , il arrivait à Lyon, précédé de la double
 réputation d'abbé de cour et de janséniste (2). C'étaitplus qu'il
 n'en fallait pour indisposer les chanoines contre lui, et les en-
 gager à ne rien relâcher de leurs vieilles prérogatives. Le jour
 où le nouveau prélat fit son entrée à Lyon, ie doyen du Cha-
 pitre vint le prévenir qu'il ne serait reçu au chœur de Saint-
 Jean qu'en habit de chanoine, et qu'il devrait faire renverser
 sa croix et sa crosse pendant toute la durée des offices. L'ar-
 chevêque s'étonna d'une prétention semblable ; son mécon-
 tentement redoubla lorsqu'il vit que, dans sa cathédrale , le
 chef duChapitre avait un carreau pareil au sien, qu'à certains
 offices, particulièrement aux processions ou aux obsèques des
 chanoines, il lui disputait et même lui enlevait la préséance,

   (1) Né à Agen en 1712. Dans plusieurs assemblées du clergé il s'était
fait remarquer par son talent, mais aussi par son ardeur à défendre les idées
jansénistes.
   (2) Il avait toujours été entaché de jansénisme ; il venait de se compro-
mettre encore davantage à ce point de vue. Son premier acte comme pri-
mat des Gaules, avant même d'arriver à Lyon, avait été de casser une or-
donnance de M. de Beaumont, archevêque de Paris, ordonnance relative à
une élection de supérieure de couvent qui avait amené une grande discus-
sion avec le Parlement.