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304                   HISTOIRE DU BEAUJOLAIS

marchands sur les places publiques, les laboureurs dans les
champs, n'ont plus rien à craindre; déjà presque toute cette
contrée située entre la Saône et la Loire goûte les dou-
ceurs d'une paix qui semble la couvrir de ses bienfaisants
rayons... (1). »
   Ce tableau de nos pays au douzième siècle, tracé par un
contemporain, est une page d'histoire. Si les couleurs en
sont vives, il faut se rappeler qu'il était destiné à attendrir
le pape en faveur d'Humbert, en faisant toucher du doigt au
Souverain Pontife combien ce seigneur était indispensable à
la contrée.
    Après s'être appesanti sur l'allégresse suscitée par le re-
 tour d'Humbert, Pierre le Vénérable aborde le point délicat:
    « Mais voilà que subitement une triste nouvelle a troublé
 notre joie. On dit qu'il a troqué l'habit religieux contre le
séculier sans votre permission... etc. »
    L'abbé de Cluny ne se borna pas à solliciter auprès du
pape, il s'adressa également au grand maître des Templiers,
 Ebrard :
         Un noble guerrier, le seigneur Humbert de Beaujeu,
 revenu dernièrement des pays d'Outre-Mer , est rentra dans
 nos contrées où il a été accueilli avec une joie et des trans-
 ports universels. J'étais absent alors, conduit ailleurs par des
 affaires. A mon retour, j'ai vu l'immense réjouissance causée
 par son arrivée, et si je ne l'avais vue moi-même, j'aurais eu
 de la peine à m'en rendre compte et à l'apprécier. Les clercs
 se réjouissaient, les moines se félicitaient, les paysans applau-
 dissaient et toutes les Eglises qui nous entourent semblaient
 ne former qu'un seul chœur, pour faire retentir un cantique
 nouveau. On entendait, au contraire, se plaindre les ravis-
 seurs, les persécuteurs des églises, des moines, des pauvres,

   (1) Duparay, Pierre le Vénérable, p. 146.