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ÉMIGRATION DES HELVÉTIENS. 227 rive gauche de ta Saône, atteint près de Tournas i'amère- garde des Helvéliens qui 6lait à une journée ou deux du corps principal. J'indique cette position vis à vis Tournus, parce qu'on trouve encore dans un lieu appelé le Molard-Audras, près de cette ville, des cendres, de's os calcinés, des boucliers et des tombelles : on trouve aussi des (ombelles le long de la Seille, aux environs de Cuisery. Celte arrière-garde était com- posée des liguriens, dont les pères avaient vaincu autrefois le consul L. Cassius, et avaient fait passer une armée romaine sous le joug, affront que César désirait surtout laver dans le sang de leurs enfants. Il les taille en pièces et force la plupart à se disperser dans les forêts environnantes (1). César, dans sa course rapide, aurait pu sans doute atteindre le corps entier des Hefvétiens dont la marche était si lente et si embar- rassée, avant qu'il traversât la Saône ; mais en général habile, il attendit que ceux-ci fussent séparés par cette rivière d'une partie de leurs forces, pour anéantir cette arrière-garde et les affaiblir ainsi. Le contexte des Commentaires le fait d'ail- leurs présumer (2). César, sans s'arrêtera poursuivre les fugitifs, jette un pont pas traverser Lyon, entre autres, en^l629, l'armée de Louis XIII se rendant en Italie. (1) Plutarque (Vita J. Cœsaris), dit que César n'attaqua pas lui-même les Tiguriens, qu'il envoya contre eux son lieutenant Labiénus. Mais le texle des Commentaires contredit cette assertion (Comm., I. I, cli. 12), et d'ail- leurs, peut-on croire que le proconsul ait laissé à son subordonné la gloire de venger l'affront infligé autrefois aux armées romaines et surtout l'injure personnelle qu'avait reçue un de ses ancêtres ? (2) « E caslris, » dit César. César s'était sans doute arrêté dans sa course, pour donner au corps principal le temps de traverser la Saône et de laisser isolée l'arrière-garde, afin qu'il pût la combattre et la vaincre plus facilement. Probablement, composant la partie la plus valeureuse de la nation, elle avait été laissée derrière le corps principal, pour repousser plus efficacement les efforts des Romains.