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ÉMIGRATION DES HELVÉTIENS. 223 Léman. Deux passages se présentent à eux : l'un traversant une gorge resserrée entre le Jura et le Rhône, surplombée à droite par des montagnes élevées el abruptes, à gauche do- minant un précipice d'une profondeur effrayante. Une poignée de monde pouvait le défendre facilement contre une armée entière; l'autre passage était par le pont de Genève ou par quelques gués sur le Rhône, d'où l'on entrait dansle pays des Allobroges. Mais les Âllobroges étaient alliés des Romains. D'ailleurs, César, le grand César, alors proconsul, chargé de défendre la Gaule, dès qu'il avait entendu parler de l'inva- sion des Helvéliens, était accouru de Rome à Genève; il avait fait rompre le pont qui traversait le Rhône et rassemblait en hâte les troupes disséminées dans la Gaule romaine. Les Hel- vétiens se trouvent dans un grand embarras, les Séquaniens leur refusaient l'entrée de leurs défilés ; il leur devenait im- possible, devant des troupes qui grossissaient chaque jour, d'entreprendre le passage du fleuve. — D'un autre côté, César ne trouvant pas assez forte la barrière du Rhône qui, au sortir du lac est peu large et peu profond , avait fait cons- truire un mur de seize pieds de haut et de près de 20,000 pas de long (seize kilomètres), depuis le Léman jusqu'à l'endroit où le Rhône s'encaisse entre les rochers du Jura et les monts Vounches. Ce mur était accompagné d'un fossé et garni çà et là de tours et de châteaux munis d'une forte garnison. Les Helvéliens envoient demander passage à César, lui promettant de traverser le territoire soumis ou allié aux Romains sans y faire aucun mal, lui rappelant que c'est le seul chemin qu'il leur soit permis de prendre, vu le refus des Séquaniens. César ne se fiait nullement aux protestations d'un peuple fier et ancien ennemi de Rome, qui n'avait pas oublié la victoire qu'il avait remportée sur le consul L. Cassius et qui avait jadis fait passer sous le joug une armée romaine. Mais pour gagner du temps et donner aux troupes qu'il avait