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222 ÉMIGRATION DES HELVÉTIENS. géant le caractère aventureux et guerrier des Helvétiens, s'étaient réunis à leur entreprise. Auparavant les Helvétiens et leurs alliés mirent le feu à leurs habitations, détruisirent les vivres qu'ils n'emportaient pas avec eux, ravagèrent leurs champs, afin de s'ôter tout espoir de retour et détour- ner les peuples qui les confinaient de venir s'établir sur leurs terres ainsi désolées. Le projet des Helvétiens , la renommée de leur puissante transmigration s'étaient répandus dans la Gaule toute entière. La frayeur grossissait le danger. On disait le nombre de leurs guerriers plus grand que celui des Cimbres et des Teu- tons, dont le souvenir glaçait de terreur les peuples qui se ressentaient encore de leurs ravages. Rome même conçut de grandes craintes pour ses possessions d'au-delà des Alpes. Elle craignait avec raison que les Helvétiens ne prissent leur route par le midi, qui leur offrait un chemin plus long mais plus facile, et leur faisait traverser des pays plus fertiles et privilégiés d'un ciel plus doux. Elle envoie des députés aux peuples gaulois qui avaient autant à redouter qu'elle de cette invasion, afin qu'ils ferment leurs frontières aux Helvétiens, qu'ils défendent d'abord contre eux les passages du Jura, tandis que les légions romaines couvriraient la ligne du Rhône et du Léman. Les nations de la Gaule se liguent avec les Romains : Arioviste môme, le fier Arioviste, craignant pour la conservation de ses conquêtes, entre dans celte ligue où la terreur unit ensemble des nations si diverses et ani- mées d'intérêts si opposés. Les Séquaniens promettent en particulier de fermer les passages du Jura qui les confine et les sépare des Helvétiens. Voici donc les Helvétiens sur les bords du Rhône et du sources du Danube et s'unirent avec empressement aux Helvétiens pour se procurer une demeure stable et permanente.