page suivante »
=fcg^=«ï- LE SINGE DEVENU BARBIER. Un certain Fagotin, vieux singe d'Amérique, Exerçait au sein d'un quartier L'état modeste de barbier. Debout au seuil de sa boutique Il criait aux passants d'une voix emphatique : « Entrez, Messieurs, je fais la barbe à bon marché ! » Attiré par le prix modique, Un bouc entre : au fauteuil on l'a vite attaché ; On vous le lie, on le garrotte, On vous le racle, on vous le frotte, C'est plaisir; oh! non, c'est pitié. Le malheureux supplicié Faisant une horrible grimace, Du regard semblait crier: Grâce. « Pas de grâce, » dit Fagotin, Et, terminant d'un coup cette œuvre interminable, Il allume une torche et la place soudain Sous la barbe du pauvre diable ! Le poil brûle aussitôt, et brûle tant qu'enfin Il n'en reste au menton pas 'plus que sur ma main. Alors sans se plaindre et rien dire, Le bouc ayant payé, tristement se retire, En murmurant ces mots ne datant pas d'hier : « Le bon marché toujours est cher. » Abel FABEE. 11*