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                       NICOLAS BKRGASSE.                     103

loi mémorable sur laquelle la polémique des partis s'est abat-
tue avec le plus impardonnable aveuglement. Déjà aux jours
les plus violents de la révolution de 1830, une voix qui devait
parler plus tard avec l'autorité des plus hautes fonctions au
nom du gouvernement nouveau, ia voix du défenseur de
M. de Ghanlelauze, avait osé remercier la Restauration de la
loi qui accordait une indemnité proportionnelle aux proprié-
taires dépossédés par la Révolution. Celte voix éloquente est
aujourd'hui celle de l'histoire. Tout le monde célèbre cette
mesure de M. de Villèle, non seulement comme un bienfait,
puisqu'elle a doublé la valeur d'une grande pari de la pro-
priété foncière en France, mais comme un honneur pour
notre nation, parce qu'elle a écrit définitivement dans ses
codes ce commandement de la juslice éternelle : Tu ne con-
fisqueras point!
   Ce que l'on sait moins, Messieurs, ce que l'on ignore
presque généralement, c'est que Bergasse fut un des promo-
leurs les plus actifs de celle réparation nécessaire. Comme
font toujours les philosophes, qui sont à dislance les vrais
politiques, il prit la question dans les principes et prouva
qu'une rigoureuse justice exigerait la restitution pure et
simple des biens confisqués. Celle thèse excessive, développée
avec solennité dans un livre intitulé : Essai sur la propriété,
était en hostilité directe avec l'article 9 de la charte, qui ga-
rantissait l'inviolabilité des ventes nationales. Bergasse fut
traduit pour ce délit devant la cour d'assises de la Seine. Ce
ne fut pas sans scandale que, le 28 avril 1821, on vit s'as-
seoir sur ces bancs où passaient chaque jour les irréconcilia -
blés ennemis de la dynastie, ce philosophe en cheveux blancs
qui avait élé le conseiller des derniers jours de Louis XVI et
des premiers jours de ia Restauration. A ses côtés vint se
placer un jeune avocat dont la parole, déjà populaire au
barreau, annonçait dans les causes politiques cette éloquence