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                              INAUGURATION.                                 79
plus distinguée que nombreuse. La famille de Bonnet, ses compatriotes
d'Ambérbu et du département de l'Ain, l'Administration des hospices, le
corps médical la composaient presque en entier.
   La cérémonie a été aussi simple et aussi grave que pouvait le comporter
le mâle caractère de celui qui en était l'objet : elle a emprunté tout son
éclat aux pompes de l'éloquence.
   A trois heures, après l'entrée de M. le sénateur Vaïsse, le voile de
la statue est tombé et huit orateurs sont venus successivement dire
tout ce que Bonnet avait eu le temps de faire, pendant sa trop courte exis-
tence, pour sa patrie d'origine et pour sa patrie d'adoption, pour les
malheureux et les souffrants, pour la littérature et la chirurgie qu'il
a enrichie de conceptions hardies, audacieuses souvent. La convic-
tion de sa foi, son amour dévorant du bien, son zèle en faveur des
lettres et surtout des lettres prises comme instrument de moralisation et
comme aliment de l'activité intellectuelle ; son infatigable et fructueuse
collaboration aux travaux des savants de la province et de Paris, l'analyse
de ses méthodes et de ses procédés, de ses recherches et de ses décou-
vertes, et par dessus tout la fière et loyale indépendance de son caractère,
qui ne pliait que devant sa conscience, tels ont été les sujets des différents
discours, et pour indiquer avec quelle force d'idées et d'expressions ils ont
été traités, il suffira de dire que les orateurs étaient M. Bouillier, doyen de
notre Faculté des Lettres, président de la Commission du monument,
MM. Nélaton, de la Faculté de médecine de Paris, et Marjolin, membre de
la Société de chirurgie de Paris, noms illustres dans les annales de la
science ; et enfin MM. les docteurs Teissier, Barrier, Diday, Ollier et
Chauveau, que nous voyons tous les jours au milieu de nous, rendant d'émi-
nents services à l'art et à l'humanité.
   M. le sénateur Vaïsse avait à sa gauche M. le procureur général Gaulot
et à sa droite l'inspecteur général des établissements de bienfaisance,
M. de Wateville.
   Les discours terminés, la foule s'est pressée autour du monument pour
l'admirer à loisir sous toutes ses faces.
   Dans le buste de Gensoul, si vrai dans la force de l'expression et du
modelé, comme dans cette statue colossale, M. Guillaume Bonnet a négligé
systématiquement le côté populaire de deux puissantes individualités,
telles que nous les avons vues et connues ; c'est-à-dire un œil vif et une
bouche expressive, rapides dans leurs mouvements, l'attitude et le geste
peu contenus, la chevelure agitée et mêlée par la mobilité des poses ; en un
mot, ce qui caractérise les hommes de pensées et d'actions promptes et
communicatives. Il nous a donné des penseurs austères et profonds : le