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28                       NICOLAS BERGASSE.

serait pas scindée en deux chambres, et que le roi n'aurait
que le veto suspensif, les députés cédaient évidemment à la
crainte de voir reparaître la division des ordres et l'arbitraire
ministériel. Ils ouvraient sans le vouloir les Tuileries à l'é-
 meute et leur propre enceinte â la domination des clubs.
 « Si cette folie d'une convention nationale permanente n'est
pas rétractée, disait Lafayette , la France est perdue, la
révolution est manquée (1) ! » C'était aussi l'avis de Bergasse,
de Moanier et de Lally-Tollendal, qui se retirèrent de la
commission après le refus de l'assemblée, déclarant qu'ils ne
sauraient, quant à eus, fonder sur ces bases nouvelles l'édifice
de la liberté publique. L'assemblée, considérant la commis-
sion comme dissoute par cette triple retraite, en nomma
une nouvelle composée de MM. ïhouret, l'abbé Sieyès, Target,
Talleyrand, Desmeuniers, Rabaud Saint-Etienne, Tronche!
et Chapelier.
   Mais la révolution pressait le pas derrière les votes de
l'assemblée devenue omnipotente. La populace, déjà mise en
goût de massacres le 14 juillet après la prise de la Bastille,
venait d'apprendre le chemin des demeures royales. La funeste
nuit du 5 au 6 octobre avait vu le palais de Versailles envahi,
les gardes du corps tués à leur poste, la reine poursuivie de
chambre en chambre par les assassins, le roi forcé de paraître
au balcon et de promeltre ^ette tourbe de se laisser ramener
le lendemain à Paris. La garde nationale , commandée par
Lafayette , qui était arrivée en force à Versailles , ne reçut
aucun ordre. L'assemblée, siégeant en permanence dans le
tumulte d'une séance de nuit, ne sut que s'ajourner au len-
demain. Un grand nombre de ses membres, disons-le à leur
honneur, profitèrent de leur liberté pour courir à la défense
du roi. Bergasse fut un de ceux-là. Les souvenirs de cette

  (t) Histoire de la Terreur, par M. Mortimcr-Ternaux.