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22                     NICOLAS BERGASSE.

consentement national nécessaire à l'emprunt et à l'impôt;
l'impôt voté seulement d'une tenue d'Etat à l'autre; la pro-
priété inviolable; la liberté individuelle sacrée. Tel est le som-
maire trop souvent oublié ou mutilé des principes de 89;
 tous ne sont pas contenus dans ce décalogue, mais ceux-là
seuls qui y figurent furent le vœu unanime de nos pères.
D'autres vœux venaient ensuite sur la permanence ou la pé-
riodicité de l'assemblée ; sur les deux chambres ; le droit de
dissolution laissé au roi ; l'exclusion comme représentants de
la nation de ceux qui posséderaient charge, emploi ou place
à la cour ; l'abolition des lettres de cachet; l'inviolabilité des
paquets confiés à la poste ; la liberté de la presse, c'est-à-dire
la libre communication des pensées, comme s'exprimait le
noble rapporteur. Ceux-là ayant pour eux la quasi-unanimité
des cahiers, méritent assurément de compter aussi parmi les
principes de 89. Ce que la France a voulu à cette époque ne
peut donc être un mystère pour personne, car elle l'a écrit
dans ses cahiers, et on l'a dit pour elle devant ses manda-
taires. Ainsi se trouvait résolue, avant d'être publiquement
engagée, une discussion dont il ne serait plus question depuis
longtemps, si les procès d'idées se décidaient, comme les
procès d'affaires, par une simple production de pièces.
   Bergasse, à qui l'on avait souvent reproché une certaine
affectation à se poser en réformateur de l'Etat, fut chargé de
préparer un travail sur la réorganisation de l'ordre judiciaire.
Le rêve de sa vie était accompli. Il n'était plus l'avocat au
parlement, le défenseur de son ami Kornmann; il parlait en
législateur, il tenait la plume pour la nation. L'éminent publi-
cisle commençait par établir que le premier objet des lois est
d'assurer à chacun de nous la jouissance des droits qui lui
appartiennent en vertu de la constitution. Les lois sont donc
les garanties de la liberté. La liberté a deux applications dis-
tinctes et naturelles: — politique, elle consiste dans le droit