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                    LE CHATEAU DE CAR1LLAN.                    439

      Il me pressait de partir aussitôt ; mais je le retins pour le
   présenter à ma famille. Il consentit à passer le reste de la
  journée avec moi, en me demandant une minute pour pré-
  venir deux compagnons qui l'attendaient et qui devaient
  partir avec nous pour Besançon.
     Dans les courtes heures qu'il y passa, Julien sut se concilier
  ma famille. Il intéressa mon père par l'exposé d'idées nettes
  sur le commerce , sur l'économie, il plut à ma sœur par le
  récit de quelques voyages, récit orné d'une profusion de cou-
  leurs bien propre à montrer combien ce riche cœur inté-
  ressait la sensibilité à tout ce qu'il observait.
     Un peu avant huit heures du soir, nous arrivâmes, Jutien
  et moi, sur le quai, au bord du Doubs. Il me présenta deux
 jeunes gens qui nous attendaient là. C'étaient ses amis,
 M. Léon Gérard et M. Alfred Pivalle. Cette présentation
 faite, Julien ajouta : « Ma voiture est en bas, nous allons
 nous embarquer ! »
     Comme nous descendions la rampe du quai, je me deman-
 dai si Julien avait loué quelque pécheur pour nous procurer
 le divertissement d'une traversée par eau à Besançon, ce qui
 se fait assez souvent. Mais à mon grand étonnement, j'aper-
 çus une gracieuse embarcation que nous montâmes et qui
 s'éloigna aussitôt de la rive sans autre patron que Julien, à
 qui elle appartenait.
    Un certain jour, à Londres, avec lord Nauphly, j'étais allé
 voir une course de canots, dans laquelle un pari l'intéressait.
Je vis de près les deux héros de la fête. C'étaient deux loups
de mer, ou plutôt deux ours de mer, h l'air farouche, à la
barbe hérissée, aux bras velus et herculéens. Je ne m'étais
donc pas fait de cet exercice une autre idée que celle d'un
genre particulier de lutte, dont les athlètes sacrifiaient au
penchant d'un peuple insulaire pour la navigation. Les
lutteurs que j'avais vus appartenaient à la lie du peuple. Le