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                              LE


     CHATEAU DE GARILLAN
                         NOUVELLE.




                                        Dôle, 21 janvier 1855.


          M O N CHER AMI ,


   Tu veux que, resserrant les liens de l'amitié qui nous unis-
sait au collège, je reprenne avec toi ces excellentes relations
que mon départ de France a seul interrompues, et tu me
demandes, tout naturellement, de le mettre au courant de
tout'ce qui m'est arrivé depuis cinq grandes années que
nous ne nous sommes vus,
   Seule, la dernière partie de mon histoire, pendant ces cinq
ans, méritera de l'intéresser, car c'est la seule sur laquelle je
reporte moi-même les yeux avec un vrai plaisir. Je m'at-
tacherai donc à té conter, pour ainsi dire exclusivement, les
petits événements de cette période ; le reste étant la vie in-
sensible et froide de tout le monde, dont les détails peuvent
bien facilement se suppléer.
   A dater de mon retour en France, il y a plus d'un an, je
suis redevenu Français et sage; j'ai cessé de vivre exclusive-
ment pour l'industrie et surtout pour la dissipation. J'ai
commencé une nouvelle vie dont la douceur et le contente-
ment m'ont fait oublier le vide, le ridicule de ma première
existence. C'est cette nouvelle vie, dont un sourire a décidé