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DE L'EXCLUSIVISME EN ARCHÉOLOGIE. 469 Nous ne parlerons pas des reprises en sous-ceuvre, ni des réfections extérieures, au moyen desquelles on s'efforce de rendre au vieil édifice un de ses aspects primitifs que de prétendues restaurations lui avaient fait perdre ancienne- ment. Nous ne trouvons rien à reprendre, à cet égard ; c'est de l'archéologie dans l'exercice légitime de ses attributions, Mais la question ne se présente pas aussi simplement en ce qui concerne l'intérieur, où tout était à rétablir, où il n'exis- tait plus rien du mobilier et nul vestige d'anciennes pein- tures murales. On a suivi, dans ce ras, deux lignes de conduite bien différentes et qui méritent d'être signalées. Ainsi, tandis que pour mieux retracer le style de l'édiflce, on a poussé le scrupule archéologique jusqu'à rappeler, dans le nouvel autel majeur, la statuaire barbare du XIe siècle, on n'a pas craint de se déjuger en faisant exécuter, d'une manière plus conforme au sentiment général du beau, les peintures de la coupole et de l'abside, ainsi que la statue de la chapelle de la Vierge. Dans l'un et l'autre cas, il y a contradiction, car l'admis- sion de l'un de ces deux principes ne permet pas l'adoption de l'autre; ils s'excluent muluellement. Cette nécessité de rentrer, à chaque instant, dans les vues'artistiques de la société moderne, nous démontre l'impossibilité de nous lier trop étroitement à un art empreint d'une civilisation toute différente de la nôtre, et de l'accepter sans modification. Tant que le faux principe contre lequel nous nous élevons aujourd'hui, n'a été qu'une opinion libre et individuelle, dissé- minée dans le domaine public, nous pouvions ne pas nous en inquiéter, car nous avions la certitude que tôt ou tard il lui se- rait fait telle justice qu'elle méritait ; mais quand nous voyons cette même idée se présenter avec le caractère d'une doctrine, et que celte doctrine émane d'une autorité aussi élevée que respectable, nous avons tout lieu alors de nous en préoccuper sérieusement.