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4S8 ÉLOGE DU DOCTEUR POINTE. ses élèves des abus de la polypharmacie, de l'engoû- ment irréfléchi pour des remèdes qui ne doivent avoir qu'une vogue éphémère, et du fâcheux enthousiasme qu'engendrent souvent des systèmes trop exclusifs. Il était calme, froid, méditatif et inspirait à ses disciples la réserve et la circonspection que commmande l'art de guérir, qui est Fart de bien observer. Le doute métho- dique était sa devise ; son esprit sceptique et railleur refrénait les entraînements d'une jeunesse impatiente qui trouvait en lui son contre-poids (1). » Que de succès ne dut-il pas au régime et au soin tout particulier qu'il apportait dans sa prescription ! Si Fexpectation était sa méthode lavorite, si sa con- fiance dans la nature médicatrice était grande, c'est qu'il savait (ce fait ne peut être contesté) mieux que personne mettre la nature à l'aise, et aider aux évo- lutions de l'acte morbide par une hygiène bien entendue! En un mot, le professeur Pointe a droit à notre es- time par l'abnégation qui le porta à renoncer à de plus brillants succès pour s'astreindre aux répétitions élémentaires qui constituaient son cours ; il mérite des éloges lorsqu'on l'envisage au point de vue pra- tique, ne perdant aucun des instants que lui laissait sa clientèle, et cherchant à faire profiter non seule- ment ses contemporains, mais encore la génération suivante de ses observations. Si beaucoup de ses émules ont brillé d'un plus vif éclat, du moins pouvons-nous dire qu'il gardera une place honorable et incontestée parmi les travailleurs d'élite qui ont illustré notre cité. D r BOURLAND-LUSTERBOURG. (1) Extrait du discours prononcé par M. le docteur Pétrcquin, président de la Société de médecine, sur la tombe de Pointe (Gaz. méd. de Lyon, 1 e r mars 1860).