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ÉLOGE DU DOCTEUR POINTE. 457 En somme, peu de médecins ont autant écrit que Pointe et sur des sujets aussi divers. On lui a fait un crime de cette diversité sans s'enquérir s'il n'y était pas entraîné par une tournure d'esprit spéciale ! Homme de détails avant tout, le professeur Pointe apportait dans l'observation des malades une minutie et un soin remarquables. L'analyse lui était plus fami- lière que la synthèse ; aussi, monlra-t-il toujours une certaine répugnance pour les leçons cliniques faites loin du lit du malade ; ainsi doit s'expliquer la rareté de ses conférences qui plus tard servit d'arme contre lui. Bien que la pensée de raviver une discussion éteinte avant l'homme qui en fut l'objet, soit loin de nous, il nous est cependant permis de dire, a nous qui en fûmes le témoin, que la méthode analytique de Pointe était certainement préférable à telle méthode synthéti- que, souvent trop philosophique pour l'esprit et l'intel- ligence des élèves appelés a suivre les cours d'une école secondaire. Pointe ne voyait qu'un petit nombre de faits à la fois; mais il en étudiait les phénomènes sous toutes les faces, y revenait souvent et ne les abandonnait que lorsqu'il en avait tiré tout le parti possible. La patience avec laquelle il notait les effets des médicaments sur lesquels il voulait diriger l'attention de ses auditeurs était inouïe, et ses anciens élèves se souviennent en- core de ses expérimentations sur le nitrate de Bismuth, alors qu'il était rappelé au souvenir du monde médical ; les études de Pointe ont été pour beaucoup dans la faveur que ce médicament conquit si rapidement ; un des premiers il démontra son innocuité à haute dose et les précieux services qu'il pouvait rendre. « S'il n'était point doué des qualités du professeur disert, il avait du moins le mérite d'éloigner l'esprit de