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438 L'ARCHITECTURE
de leur tombe, Robert de Luzarches, Erwin de Steinbach,
JEude de Montreuil, s'écrianl: l'antiquité est respectable,
mais le beau, l'art, le sentiment des grandes choses sont
imprescriptibles ; faites vos églises simples comme il vous
plaira, par respect des traditions, mais n'enfermez pas le
talent dans la froide limite d'une règle liturgique.
Les basiliques latines répondaient aux besoins de l'époque ;
les artistes ne savaient pas mieux faire et il faudrait que
parce qu'ils étaient les premiers, il fût impossible d'amé-
liorer !
Le temple de l'Éternel n'est jamais trop beau, et, ce me
semble, Chartres, Rheims, Cologne et Amiens témoignent de
la foi, du génie et de l'habileté des Pontifes et des architectes
du moyen-âge.
J'admire Lyon, je respecte Lyon; mais je sais aussi que
la cathédrale a été péniblement construite par un Chapitre
puissant, mais isolé, qui peu à peu ajoutait quelques travées
à son monument, en se procurant les plus habiles artistes
et ne détruisant rien des siècles passés. Les cathédrales que
je citais ont été faites dans un élan politique et religieux,
que Viollet-Leduc a si bien décrit dans son dictionnaire
d'architecture, par une population et des Pontifes faisant une
immuable manifestation de piété et d'indépendance. Ils éle-
vaient le plus grand, le plus utile monument de leur cité.
Cela vaut bien un souvenir.
Je continuerai mes observations en m'inscrivant, Monsieur,
contre votre phrase : Une église ne doit pas être un prétexte
pour faire de l'art. Vous continuez en expliquant que la
prolongation des nefs a diminué la majesté du sanctuaire
en divisant la place qu'il doit occuper, en créant de con-
tinuelles distractions autour de lui, en ne le maintenant pas
à l'extrémité de l'édifice comme le point unique vers lequel
doivent se porter toutes les pensées et tous les regards, et