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 408                           CHRONIQUE LOCALE.
Rousse, ou sur ces nouveaux quais terminés à peine et déjà plantés, qui
s'étendent du pont Morand au pont de la Guillotièrc, ou du pont de Pierre
 au pont Tilsitt ; on le trouve tout entier, depuis deux jours, en contem-
plation devant les baraques du Concours régional, tournant autour des
 palissades quand il n'a pas le bonheur de posséder une carte, ou, ce qui est
plus triste, quand il ne possède pas la modique somme exigée pour entrer.
Que de bœufs ! que de génisses ! que de taureaux ! de pouliches ! de chevaux !
 de chèvres ! de brebis ! de machines, de mécaniques, de charrues, de pompes,
de pioches, de serpettes et surtout que de curieux ! Les uns sont exposants,
les autres sont visiteurs, mais tous, chacun dans son genre, sont bons à
voir. Les grands mâts à banderoles sont dressés comme pour les jours de fête,
et c'est fête en effet, sur le cours Napoléon ; c'est la fêle de l'agriculture ; les
jardiniers, les laboureurs, les éleveurs de troupeaux sont tout à fait comme
 chez eux ; ils vous reçoivent et vous font les honneurs. Hauts de couleur,
larges d'épaules, ils regardent avec étonnemenl les figures fines mais pâles
des citadins ; les gens delà ville, de leur côté, presque dépaysés au milieu
 des instruments de labourage, examinent avec curiosité ces roues, ces
crochets, ces dents, ces lames et se demandent à quoi peuvent servir tant
d'outils ?
    Paysans et bourgeois, indigènes et étrangers contemplent le spectacle
qu'ils se donnent les uns aux autres, admirent les longues rangées de tentes,
et principalement les décors de la salle des prix, approuvent l'arrangement
général et l'ordre qui a présidé au concours -, mais surtout concentrent leur
admiration sur la prodigieuse invention des tourniquets.
   — A partir du 7 courant, le Grand-Théâtre pourra offrir à cette foule en-
thousiaste les héroïques exploits de Nigaudinos. Les exposants, les curieux,
les amateurs, les ennuyés, les désœuvrés s'enivreront des merveilles de la
nouvelle pièce envoyée sur deux bateaux par le théâtre de la Portc-Saint-
Martin. C'est bien sur deux énormes bateaux que la pièce est arrivée, car
si le livret a tenu dans la poche du directeur, les décors, les trucs et
les machines qui font l'étourdissant succès de la chose, ont demandé
l'emploi des grands moyens et ont suivi, en partie double, le fd de l'eau,
sans compter les nombreux véhicules de toutes sortes qui ont amené dans
nos murs les actrices, les acteurs, les danseuses, les danseurs, les choristes
et les machinistes parisiens.
   Le Pied-de-iloulon gardera l'affiche tout l'été ; aux Célcstins, la nouvelle
saison est ouverte. Plusieurs, beaucoup même des anciens acteurs sont
regrettés. C'est aux nouveaux à conquérir l'affection des Lyonnais. L'an-
cienne direction théâtrale avait triomphé de plus d'un mauvais vouloir, el,
à force d'habileté el de persévérance, avait heureusement traversé des temps
difficiles. Nous-souhaitons au nouveau directeur tout le bonheur qu'ont eu
ses deux derniers prédécesseurs ; déjà sa première affiche annonce une
bonne œuvre. La promesse d'une représentation au bénéfice de l'ancien,
de l'excellent artiste Célicourt est une bonne pensée dont on lui tiendra
compte, et dont notre public difficile lui saura gré.
   — Le beau tableau de M. Rey, si admiré à la dernière exposition :
Vienne antique restauré, a été acheté par la ville de Lyon et placé immé-
diatement dans la salle des artistes lyonnais. C'est une acquisition précieuse,
non seulement pour les artistes, mais pour les archéologues et les érudits.
   — La mosaïque qu'on a trouvée dernièrement dans la rue de Jarcnte, a
été, dit-on, achetée par l'Archevêché et serait destinée à orner le chœur
de la cathédrale.                                                 A. V.

                          Aimé    VINGTRIMER,         directeur-gérant.