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                           SOUVENIRS.                        361

de Sardaigne, son beau-père. Établi dans cette ville avec
sa petite cour, il y était devenu l'âme et le point de réunion
de son parti, et chaque jour de nombreux gentilshommes
allaient l'y rejoindre. De là il cherchait partout, à l'étranger,
à exciter une coalition contre la révolution ; il entretenait en
môme temps des correspondances avec les ennemis du nouvel
ordre de choses qui étaient restés à l'intérieur, et il répan-
dait partout en France des excitations contre-révolution-
naires.
   On ne sait que trop combien celte conduite des premiers
émigrés causa d'irritation dans le pays, et contribua à donner
un caractère de plus en plus terrible à la révolution.
   La petite ville de Bourgoin, siluée dans le voisinage de
Lyon, se trouvant placée sur la principale route qui conduisait
de France en Italie, un bon nombre de ceux qui quittaient
le royaume pour aller se ranger sous la bannière du comte
d'Artois, ou pour concerter avec lui les conspirations qui
s'ourdissaient à l'intérieur, passaient dans celte localité où
plusieurs d'entre eux furent arrêtés.
   Nous signalerons ici ce qui se passa au sujet de deux de
ces personnages.


                  §   l . TROUARD DE RIOLLE.



   Parmi les agents les plus actifs du parti contre-révolu-
tionnaire, figura un ex-noble appelé Trouard de Molle;
son arrestation qui eut lieu à Bourgoin, le 8 juillet 1790,
et la saisie des papiers dont il était porteur, firent grand
bruit dans le temps. Tous les journaux, tous les clubs s'en
émurent, et l'Assemblée nationale s'en préoccupa vivement.
Elle rendit un décret qui renvoyai! Trouard de Riolle devant
le Châtelet, pour être jugé comme criminel de lèse-nation.