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                               BIBLIOGRAPHIE.                              323
  émaux de Limoges dits des orfèvres et remontant à la fin du XII e siècle ;
  4° un chandelier en bronze du XIII e siècle qui semble appartenir à la
  calégoiie des ustensiles domestiques, or les objets de cette nature sont de
  beaucoup les plus rares et les plus recherchés aujourd'hui. Le groupe du
  gladiateur a été reproduit au moyen d'une excellente photographie : le
  nom et la croix par diverses gravures polychromes très-soignées et le chan-
  delier par une simple gravure au trait. Un texte où la science se présente
  sous une forme attrayante, accompagne les planches et donne tous les
  éclaircissements qu'on peut souhaiter. Nous ne saurions trop louer la
  Société archéologique de Chalon-sur-Saône de persévérer dans l'habi-
  tude qu'elle a prise de reproduire aiusi les plus importants des objets
  antiques confiés à sa garde ; c'est le sevd moyen d'en répandre au loin
  la connaissance exacte, la description seule étant insuffisante.
     La monographie de la seigneurie de Branges par îï. B. Gaspard est,
  par ses développements et le haut intérêt qu'offre le sujet, l'œuvre capitale
  de tout le volume. Branges, qui n'est aujourd'hui qu'une petite localité,
 eut au moyen âge une véritable importance. A peine y lrouve-t-on quelques
 ruines, et cependant l'antiquaire sait qu'elle eut autrefois un château-fort,
 un bourg fermé avec des gardiens à ses portes, des faubourgs étendus, des
 nobles, des bourgeois, des juges, un archiprêtré d'où relevaient dix pa-
 roisses, un hôpital, un marché, une halle, des boucheries, des tanneries,
 etc. Le phénomène de la vie sociale s'eteignant dans cette triste localité au
 sein de notre vigoureuse société française est un fait curieux, mais encore
 assez fréquent. Si notre civilisation, dont la marche ascendante n'est niée
 par personne, a parfois abandonné certaines cités, ce fut toujours pour
 se reporter ailleurs avec plus d'intensité. En examinant la situation de
 Branges, on reconnaît que, placé dans le voisinage de Chalon, n'ayant rien
 dans son territoire qui pût motiver une nombreuse agglomération d'habi-
 tants, elle devait décroître rapidement dès que les circonstances politiques
qui lui donnèrent naissance prirent un autre caractère, et descendre enfin
 aux plus minimes proportions après la disparition des dernières institutions
féodales.
    M. Gaspard ne«'est nullement occupé de ces questions qui rentrent dans
 le domaine des sciences, au* synthèses les plus hardies, qu'on nomme la
philosophie de l'histoire et l'économie politique. S'en tenant à la seule
archéologie, il s'est contenté de dérouler, pièces en main, le tableau de la
situation de Branges, aux diverses périodes de son histoire, entrant dans
ces mille petils détails que l'historien dédaigne souvent, qui seuls cepen-
dant nous donnent une connaissance exacte de la vie intime des popula-
tions qui ne sont plus, et qui mieux que toutes les théories, avec une
rigueur presque mathématique, nous révèlent quelques unes des grandes
lois auxquelles l'humanité obéit. Lois mystérieuses qu'on ne découvre qu'à
la longue en étudiant minutieusement l'histoire. Lois dont la plus puissante
est celle qui résulte du renouvellement incessant des générations, qui ne
s'arrètant jamais, modifie sans cesse l'aspect sous lequel les peuples s'offrent
aux regards de l'histoire.
    Le relevé exact des seigneurs qui possédèrent Branges, de i 160 à 1796,
pendant 636 ans, nous donne dix familles différentes, dont trois se ruinèrent
et les autres transmirent par mariage. Pendant ce temps le domaine seigneu-
rial alla presque toujours en diminuant. A côté de la liste des seigneurs,
celle des simples nobles, bourgeois et manants est non moins instructive.
Les mêmes noms fournissent des carrières plus longues, néanmoins ils
finissent aussi par disparaître. En présence de pareils faits ne soyons point
étonnés si l'heure fatale de 1789 arrivée, la petite société politique qui
s'était appelée la seigneurie de Branges, disparut sans retour. Les fils des