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ANIMISME ET VITALISME. 133 l'âme n'a pas conscience, soit par inattention, soit par oubli; et l'on cite les mouvements musculaires. Il fallait dire : donc l'âme n'a pas actuellement conscience ; l'homme qui marche, le musicien qui exécute un morceau avec rapidité, le dan- seur qui pirouette ne se rendent pas compte de leurs mou- vements ; mais qu'ils y portent leur attention, et ils en auront immédiatement conscience. Portez au contraire l'attention la plus soutenue sur les actes de la vie organique, en acqué- rez-vous la conscience? Sentirez-vous jamais quand et com- ment vous digérez? aurez-vous le sentiment de la sécrétion de la bile par le foie, de l'urine par les reins ? une telle im- possibilité peut-elle être raisonnablement attribuée à l'habi- tude ? Il faut encore noter ici les faits vitaux qui continuent à se manifester lorsque l'âme est irrévocablement séparée du corps. On demande aux partisans du double dynamisme à quelle époque l'âme s'unit au corps? Mais que leur importe? C'est le principe vital qu'ils considèrent comme chargé de l'or-, ganisation. Que l'intervention de l'âme soit contemporaine de la conception ou qu'elle ait. lisu au quarantième jour comme l'ont voulu quelques théologiens, cela est pour les physio- logistes de la plus parfaite indifférence. Et si M. Lordat a dit que pendant la vie fœtale l'âme était à l'état latent, faut-il en conclure qu'elle peut être aussi à l'état latent dans l'exercice des fonctions vitales ? Quand une force ne se manifeste par aucun acte extérieur, ne pouvons-nous pas dire qu'elle est par rapport à nous a l'état latent. Après avoir cité les phénomènes de la locomotion comme exemple des actes volontaires dont l'âme peut n'avoir pas actuellement conscience, on parle de la res- piration que la volonté peut suspendre dans une cer- taine mesure. Mais la respiration est une de ces fonc- tions mixtes dont la physiologie rend parfaitement raison,