page suivante »
H8 HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LYON. elle languit, elle s'altère, elle marche vers sa décadence. Mais son agonie sera longue. Elle a reçu des mythologues qui l'ont faite, des poètes qui l'ont chantée, des idiomes qui l'ont transmise, une 'puissance de séduction si profonde, que, dans les ouvrages inspirés par la foi nouvelle, les esprits les plus austères pourront a peine s'en défendre (1). L'autre, prenant son essor des sommets du Sinaï et des hauteurs du Calvaire, introduit avec autorité, dans l'occident de l'empire, un ordre d'idées qui doit renouveler toutes les sources de la morale et de l'intelligence ; elle ne brille pas d'abord de cette splendeur exquise de la forme et du langage dont s'illuminent les chefs-d'œuvre de Rome et d'Athènes ; mais, de proche en proche, la beauté de ses enseignements , la pureté de ses doctrines, la sublimité de ses livres, lui attirent la sympathie des peuples ; surtout, la foi profonde qui dirige ses apôtres répand sur son début mille germes de vie et de puissance que l'avenir, son domaine éternel, doit féconder, développer et grandir. Avec cet immense intérêt, au commencement du IVe siècle après J.-C, se présente a Lugdunum le mouvement intel- lectuel. On peut déjà affirmer que cette ville sera, dans notre Europe, le véritable berceau de la littérature chrétienne. A saint Irénée, aux docteurs, ses disciples, revient la gloire de l'avoir créée, et d'avoir, en la créant, fait prédominer, sur la matière divinisée, l'esprit réhabilité, sur le culle des dieux, enfants du caprice et de la crainte, l'adoration du Dieu unique, rémunérateur et vengeur. (1) Voyez saint Just, ap. sanct. Ambrât., cpitt. vus.