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                 MESîLiN   HELLOT.

Tant bien que mal sa famille vivote
De ce métier qui lui donne du pain,
Le pain du jour, mais non du lendemain.

A part son âne et malgré sa misère
Chaque voisin en lui trouvait un frère
Pour l'entr'aider de ce qu'il pouvait faire,
Ou tout au moins le plaindre et consoler :
II.suffisait pour ce de l'appeler.

Advint qu'un jour Patissot et son âne
Furent au bois, que l'âne et Patissot
N'avaient mangé pour leur modeste écot
Brise de pain, de choux et de bardane.
Tout bêtement l'âne patientait,
Mais Patissot, l'homme, se lamentait ;
Car le bon Dieu pour embellir son rôle
Lui fit cadeau jadis de la parole,
Outre le don de marcher ferme et droit,
Le front levé, sur ses pieds de derrière :
C'est ce qui rend notre espèce si fière,
Car nulle bête autre n'en a le droit.

Patissot donc se lamentait en diable ;
Travail sans fin, existence exécrable,
Et tout cela pour un morceau de pain
Toujours très-dur, et souvent incertain.
— Pour moins que rien, dans la mare prochaine.
Si je l'osais, j'irais finir ma peine :
Disait l'ânier, et ne ferais que bien.

Pour cent raisons l'âne ne disait rien ;
En philosophe et guignant de l'échiné,
Tranquillement des dents il ébrêchait